Bibliotheque de l Archivum Augustanim - 01/05/1985

328 Lin Co/liard d'Aoste (1878). En se basant sur les données traditionnelles de la biographie de saint Grat, Duc a exhumé tout ce que les anciens documents du Pays (textes liturgiques, vieilles chroniques, docu– ments paroissiaux, etc.), relatent sur le culte du saint patron. En opérant de la sorte, c'est toute l'ancienne vie liturgique, spirituelle et sociale valdôtaine qu'il parvint à ressusciter. Usages anciens, topo– graphie médiévale de la ville, portraits biographiques, sources bi– bliographiques, détails inédits, tout vient se grouper dans un cadre passablement désordonné, mais qui se révèle d 'une richesse ~ans pareille. Grand érudit, paléographe éminent, bon archéologue, P.-E. Duc était (comme cela arrive souvent aux érudits voués complètement à la recherche), un écrivain à la forme pas toujours soignée, parfois même délaissée. Frutaz n'avait pas tous les torts de lui reprocher cette négligence du style. Mais en revanche, Duc avait le souci des sources, qu'il savait dénicher avec un flair de sorcier et une chance plus que heureuse. S'il avait su en tirer parti, au point de vue de la méthodo– logie, il aurait été parfait; malheureusement les règles de la méthode n'étaient pas son fort. On ne lui peut d'ailleurs lui en faire un trop gros grief, attendu que les progr_ès de la méthodologie sont une conquête récente; Mgr Duc, lui-même et avec lui tous nos historiens du début de ce siècle; ne brillaient certainement pas dans ce secteur. Duc fut un traditionaliste convaincu (rappelons en passant que c'est à lui que l'on doit le rétablissement des «Gardes de St-Grat» à la procession de la fête 9 , mais en même temps on lui doit reconnaître un certain penchant vers les formes d'un «décadentisme artistique» qui fit de lui le partisan de modes nouvelles (on en était en Vallée d'Aoste au triomphe du néo-gothique avec les frères Artari) . Ce fait s'explique en partie avec la sincère amitié que lia notre solitaire et excentrique personnage à l'un des principaux érudits français de l'époque: Mgr Xavier Barbier de Montault (1830-1901), dont les écrits, réut?-is en 16 volumes, s'élèvent au nombre de 4000! D'un pareil contact et de la collaboration à nombre de revues 9 Rappelons encore la campagne qu'il suscita (appuyé sur les anciens documents), contre l'usage d'employer lez final dans la toponymie et l'anthroponymie valdôtaine.

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