Bibliotheque de l Archivum Augustanim - 01/05/1985

376 Lin Co/liard Cour, de considérer les premiers comtes à l'instar de simples préfets, de lieutenants de l'Empire, n'exerçant pas une autorité souveraine, dans le sens moderne du mot, sur la Vallée entière. «Il possesso della Valle d'Aosta» de la part des Savoie ne remonte donc pas au XI< siècle, ainsi que le prétendait M. Cognasse. Cela ne se produira que plus tard et graduellement. Mais en tant que lieutenants, que comites, les Savoie exerçaient ces fonctions dès 1024-1032, ainsi que nous l'avons précisé et, qui plus est, par droit héréditaire et sans disconti– nuité, n'en déplaise à De Tillier qui, sans aucune preuve, parle de «lieutenants allemands» qui auraient remplacé les Savoie dans les fonctions comtales même après 1191. L'histoire est là pour démentir cette thèse. Une longue série de documents, depuis la lettre de saint Anselme au comte Humbert II, jusqu'à la charte de Chambave de 1100 du même comte, à celle de 1147 d'Amédée III sur la renonciation au spofium de la Meqse épiscopale, et aux nombreuses donations en faveur des institutions ecclésiastiques locales, nous tnontre les Savoie titulaires, en tant que comites, de droits de différente nature. Le fait est d'une évidence absolue, si on le rapporte à l'époque postérieure à 1191'~ . Il nous faut, au contraire, reconnaître avec De Tillier, que le premier document qui établit formellement le domaine effectif, soit direct, des Savoie sur une partie importante du comitatus, telle que la ville d'Aoste, nous est offert précisément par la Charte des Franchises de 1191, tout en n'oubliant pas qu'à cette époque les Savoie (déjà du temps d'Humbert aux Blanches-Mains) avaient sous leur contrôle, en tant que possessions personnelles, une grande partie du Valdigne et le territoire avoisinant le Grand-Saint-Bernard . * * * La Charte de 1191 représente, par elle-même, une autre difficulté de l'histoire valdôtaine. Peut-être à la suite d'une émeute populaire (cette suggestive 14 Cf. J.·A. buc, dans l'Historique de Tillier éd. 1888, cie., p. 62, n. 1 (N.N.). L'épisode d'Ebérard de Nydow, vers 1250, ne fair que confirmer cee état de choses.

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