Bibliotheque de l Archivum Augustanim - 01/05/1985
Etudes d'Histoire Valdôtaine 377 hypothèse a été formulée par Bollati) n, ou en tout cas à cause de l'état d'anarchie qui régnait dans la ville, provoqué par l'oppression des gros feudataires et des mistra/es (les fonctionnaires mêmes du comitatus), le comte Thomas J« prit sous son bamnum, c'est-à-dire sous sa juridiction directe, la ville d'Aoste, en échange de la fidélité de ses habitants 16 • Cette charte, la première que les Savoie aient octroyée dans leurs Etats, s'inscrit dans une politique d'affranchissement alors en plein développement dans toute l'Europe occidentale et représente surtout un règlement de nature fiscale , fondé cepend:mt sur un accord réciproque; cela est démontré clairement par une lecture attentive du document, lequel fixe des rapports précis entre le comte et les citoyens et bourgeois d'Aoste, quoique ces derniers ne soient pas explicitement nommés dans la charte. En tout cas, il ne s'agit pas, comme le voulait De Tillier, d'un pactum dediticium. Les termes mêmes de la charte excluent formellement cette thèse. Mais il est avéré que l'élargissement du domaine direct des Savoie sur le Val d'Aoste commence véritablement, comme l'avait- bien 11 Voir l'ouvrage cité à la n. 4. Bollati prétend que les franchises de 1191, ne consisteraient qu'en un rétablissement, de la part du comte, d'anciennes libertés dont la ville aurait joui déjà sous le royaume de Bourgogne, et qui, par la suite, auraient été violées par les féodaux et les émissaires du comte. Voilà, selon Bollati, la véritable signification de l'expression «nunquam... rallias vel exationes invitas perme vel mistrales ineos faciam>>. De là son hypothèse, suggestive, sur la «rivoluzione valdostana del sec. XII», laquelle aurait besoin cependant d'être vérifiée par les documents (Bollati, op. cit., p. 716, n. 1). Il nous plaît de signaler, à ce propos, les questions que l'illustre historien Francesco Cognasso, déjà cité, a posées dans le discours d'ouverture du Congrès historique d'Aoste de 1956. A cette époque, M. Cognasso avait déjà ramené à de plus justes proportions le rôle de la politique des Savoie dans l'ancien royaume de Bourgogne, défini par lui, en 1929, «terra di civiltà itaiiana» (!). «Si collegano le sue istituzioni cittadine (di Aosta} con le tradizioni mrmicipali romane? E' problema degno di studio. Le sue franchigie concesse dai Conti di Savoia sono concessioni ex novo o sono riconoscimento di rmo stato di fatto che risale ad epoca più antica, bttrgrmdica o caro/ina o più antica ancora?» Cf. «La Valle d'Aosta>>, cit., I, p. XXIX. Voilà des observations précieuses qui peuvent ouvrir de nouvelles et intéressantes perspectives à la recherche historique, et plus particulièrement à la solution des questions relatives à la Charte de 1911. 16 Texte de la Charte des Franchises, dans Le Livre Rouge de la Citéd'Aoste, édité par M. A. Ventilatici, Aoste 1956, pp. 1-9.
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