Bibliotheque de l Archivum Augustanim - 01/05/1985
380 Lin Co/liard d'Aoste, passa aux Savoie, par droit d'échu te. En 1438, pour rai~on de dettes, les Savoie s'emparèrent de Montjovet, que les Challant avaient obtenu en 1295 en échange de la vicomté. En même temps, se généralisa de plus en plus le processus de transformation de l'alleu privé en fief, au profit des Savoie, de façon qu'on peut affirmer qu'au xvc siècle, soit les seigneuries les plus considérables du Val d'Aoste, soit les menus alleux, gravitaient désormais dans l'aire politico-administrative de la dynastie. Partant, vers le milieu de ce même siècle, le processus d'unification du Val d'Aoste sous le sceptre de la Maisof?. de Savoie, en tant que domaine direct, et non un simple comitatus de type burgondo-carolingien, demeure un fait accompli. * * * Et cependant cette juridiction est loin de posséder les caractères d'un domaine absolu. Le pouvoir du comte (duc après 1416) est en effet limité, chose fondamentale, par les libertés locales, octroyées par le souverain lui-même. Parallèlement à l'élargissement du domaine direct, les souverains réalisèrent en effet un vaste plan de concession de franchises et de libertés, qui représentèrent non seulement une effective limitation du pouvoir seigneurial, et de leur propre juridiction, mais l'expression d'un esprit naissant de relative indépendance. C'était d'ailleurs une façon intelligente d'affermir par d'autres voies la fidélité des sujets qui, grâce à ces libertés, sentaient toujours plus vifs les liens les unissant à la dynastie. Simple hypocrisie de la part du souverain , ainsi qu'un bel esprit l'a affirmé il y a une quarantaine d'années? Cela serait en tout cas valable pour un prince, tandis qu'ici, il s'agit d'une directive qui a créé un système politique duré l'espace de six siècles environ, et que De Tillier a défini «louable maxime». On ne peut nier, qu'en liant toujours davantage les Valdôtains à la dynastie, ce système a progressivement favorisé les tendances autonomistes, confiant de plus en plus à l'élément local la gestion des affaires administratives et politiques, sous le contrôle, il va sans dire, des fonctionnaires du souverain , ce que De Tillier, encore,
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