Bibliotheque de l Archivum Augustanim - 01/05/1985
Etudes d'Histoire Valdôtaine 383 historiques favorables ont influé sur les événements de cette année– là, mais c'est grâce à ce corpus libertatum que l'esprit et les sentiments autonomistes ont pu mûrir et se réaliser complètement, formant une conscience nationale robuste, propre à faire de l'ancienne Patria Augustana un Pays d'Etat, sinon un véritable Etat dans l'Etat. Ces libertés octroyées depuis 1191 par nos souverains, à la requête du Pays, ont constitué le substratum, le levain de la quasi-indépendance du Val d'Aoste à dater de 1536. Cette année-là, l'autonomisme valdôtain rejoignit son plus haut degré. Le Conseil des Commis naquit indépendamment de la volonté ducale; à un certain moment la somme des pouvoirs résida exclusi– vement dans les Trois Etats. Il est vrai que les ducs Charles II et Emmanuel-Philibert ratifièrent plus tard, de leur autorité souveraine cet état de choses, mais tout cela put se produire pour le fait qu'existaient déjà un mécanisme et surtout un esprit de liberté et une conscience autonomiste que les Savoie avaient favorisés. Un prince de Savoie auquel le Val d'Aoste doit une reconnais– sance particulière, est bien le duc Emmanuel-Philibert, le recons– tructeur des Etats de Savoie. Déjà en 1561, il avait grandement avantagé ses sujets, le menu peuple surtout, en ordonnant de se servir de la langue française, notre langue ethnique, dans tous les actes publics, en remplacement du latin que le peuple ne connaissait plus. Au demeurant, Emmanuel-Philibert donna une forte impulsion aux nouvelles institutions autonomes, par ses édits de 1548, concer– nant l'institution de la milice locale, de 1570 et de 1578, pot;tant confirmation du Conseil des Commis, et de 1580, accordant l'e– xemption de la douane et la liberté de commerce pour le Duché d'Aoste 2 .', édits qui consacraient le nouveau status politique et ad- 21 L. CoLLIARD, Edits des ducs de Savoie concernant le particularisme valdôtain, in «IX' Cahier sur le particularisme valdôtain », Aoste 1973, pp. 3443. En contrevenant aux privilèges du Pays, Emmanuel-Philibert avait établi, en 1560, dans le Duché, la gabelle du sel. Cet acte fut compensé par l'octroi au Pays du dace de Suse, en 1561. Sur cette pério_de cf. aussi E. PASSERIN o'ENTRÈVES, L 'autonomia del Duché d'Aoste dalla genesi del «Conseil des Commis» alle prime crisi del Seicento , in «Per Federico Chabod», Perugia 1980-81, pp. 83-99.
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