Bibliotheque de l Archivum Augustanim - 01/05/1985

386 Lin Co/liard C'est surtout au début du XVIII< siècle que l'Etat centralisateur turinois commença à montrer une défiance de plus en plus marquée envers ce Pays d'Etat que les Valdôtains, avec le consentement et l'appui de leurs souverains, avaient bâti vers le milieu du siècle précédent. Pendant plus d'un siècle, ainsi que l'a magistralement montré l'historien Lino Marini'\ les bonnes dispositions ducales (et ensuite royales) envers le Pays d'Aoste rencontrèrent t>rès souvent l'opposi– tion de la haute bureaucratie piémontaise et savoyarde (Sénats, Chambre des Comptes, etc.), qui, selon l'esprit des temps, visait à l'accroissement des pouvoirs respectifs, dans l'esprit et la pratique de l'absolutisme le plus radical. Décidément les temps n'étaient plus favorables, dans l'Europe entière, aux autonomies locales. A cela s'accompagnait la dégénération de certaines institutions, comme celle du «donatif». Et pourtant il faut bien reconnaître que jusqu'à la première moitié du XVIII< siècle, le souverain, personnellement, montra envers le Duché une «attitude bienveillante, en réalisant une délicate oeuvre de médiation d'intérêts divergents et" opposés, n'hésitant pas à casser maintes décisions des organismes cen~raux, préjudiciables au Pays. Dans la plupart des cas, le prince n'oublia pas d'être personnellement et constitutionnellement le garant, moyen– nant serment, des libertés valdôtaines sur lesquelles se fondait une entité politique différenciée, séparée des autres provinces de l'Etat et se régissant par ses propres lois» 26 • La preuve en est que tous les ducs (jusqu'à Victor-Amédée II, inclus), continuèrent à prêter le serment requis en faveur des libertés valdôtaines. Nombre d'édits ducaux en faveur du Val d'Aoste, dictés par Charles-Emmanuel Il, la régente Madame Royale et Victor– Amédée II, se retrouvent dans les volumes cités des Lettres. En ratifiant de son autorité l'action conduite par l'évêque Bailly en 1661 vis-à-vis du Saint-Siège, Madame Royale donnait implicite– ment, ainsi que l'avaient fait auparavant Emmanuel-Philibert et 2 ' L. MARINI, La Valle d'Aosta fra Savoia e Piemonte (1601-1730), in •La Valle d'Aosta», cit., II, pp. 557-691. Sur les R.d.P. cf. J.-B. De Tillier, Répertoir~ des Registres du Pays, édité par L. Colliard, Aoste 1975. 26 L. COLLIARD, Précis d'histoire valdôtaine, œ éd., Aoste 1980, pp. 48-49.

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