Bibliotheque de l Archivum Augustanim - 01/05/1985

Etudes d'Histoire Valdôtaine 387 Charles-Emmanuel I<', son adhésion à la doctrine de l'«intramonta– nisme», qui sera développée plus tard par De Tillier. D'autre part, se basant sur les édits de Charles II de 1534 et d'Emmanuel-Philibert de 1561 2 ", tous leurs successeurs se montrèrent, sans défaillance, les défenseurs fidèles de l'usage du français en Vallée d'Aoste. Le duc Victor-Amédée II, par son édit du 11 janvier 1700, qui est un sommaire des libertés valdôtaines, mettant fin à une période de luttes entre le gouvernement central et le pouvoir local, reconnaissait amplement le droit à l'existence de l'Etat particulier valdôtain 28 • Encore dans ses Lettres Patentes de 1723 , ce duc (devenu roi en 1713) reconnaissait «che non si sarebbe derogato agli usi ed alle consuetu– dini della Valle d'Aosta» 29 • Mais ç'a été là le chant du cygne de la politique des Savoie, favorable à l'Etat valdôtain. Après l'abdication du roi en 1730 et l'avènement au trône de son fils Charles-Emmanuel III (qui, le premier, ne prêta plus le serment requis en faveur du Duché), les forces centralisatrices turinoises et la logique de la raison d'Etat l'emportèrent sur l'ancien système qui avait régi pendant six siècles environ le Duché d'Aoste, système qui, au dire de De Tillier, avait fait le bonheur du Pays. Tout le monde connaît la suite de la politique inaugurée pat: les rois Charles-Emmanuel III et Victor-Amédée III . Nonobstant la survivance formelle de quelques institutions telles que le Conseil des Commis, les nouvelles Constitutions représentaient la fin du régime d'autonomie et de l'Etat valdôtain. A ce point on pourrait se demander pourquoi la fidélité des Valdôtains envers la Maison de Savoie s'est maintenue pour un bon siècle et demi encore. Les causes en sont multiples. D'abord le souvenir de l'ancienne tradition et de l'union savoiardo-valdôtaine se conserva tenace. Ensuite il faut reconnaître que le programme de réformes réalisé par le «dispotismo illuminato», comme la récente 27 L. CoLLIARD, Edits des ducs de Savoie concernant le particularisme valdôtain, cit., pp. 30·36. 28 Ibidem, pp' 53-56. Sur ces événements cf. M. CuAz, Il processo ai privilegi valdostani e nizzardi: 1697-1700, in «Actes du IX< Colloque franco-italien d'histoire alpine», Chambéry 1983, pp. 19-31. 29 Edits, cit., p. 59.