Bibliotheque de l Archivum Augustanim - 01/05/1985

60 Lin Co/liard motifs historiographiques de Tillier, dûment élagués, et d'avoir agité la question valdôtaine au temps de la Révolution et du Consulat, c'est-à-dire en un moment historique aussi défavorable que le précédent pour la cause des autonomies. C'est précisément dans le cadre et sur la base des nouvelles institutions républicaines qu'ont été exprimées les velléités d'un renouvellement de l'autonomie valdôtaine. L'action qu'une personnalité radicale et babouviste comme celle de Guillaume Cerise a déployée en ce sens, est probante à cet égard. «Il Cerise espone con forza il vigore del proprio particolarismo, al punto che sono la sua penna la parola patriottismo puè assumere sia un significato di attaccamento alla piccola patria locale, sia un più largo significato di devozione alla causa» . «Attaccatissimo alle usanze della valle, difende i diritti della lingua locale: Vous devez recevoir les lois en français, j'ai fait pour cela le dialte à quatre. Il Cerise lavora per fare della propria provincia un dipartimento separato, d'accorda del resto con la maggior parte dei compatrioti»~ . En 1794, alors que la monarchie était encore, tant bien que mal, établie dans les Etats Sardes, l'intendant Jean-Baptiste Réan, l'une des plus brillantes intelligences du Pays, représentant avec Martinet et Révillod la tendance modérée, ne se fit point faute d'envoyer au gouvernement français un rapport, de nature privée, qui jette une lumiêre singulière sur l'état d'âme des patriotes valdôtains de l'épo– que vis-à-vis des revendications régionalistes. Ce document, sur lequel la critique historique n'a presque pas insisté -on le connaît simplement d'après le résumé que nous en a donné Mgr Duc 4 - demeure parmi les sources les plus intéressantes, mais trop négligées, de la pensée politique valdôtaine. Dans sa relation, Réan traçait d'abord un ample cadre des libertés dont la Vallée avait bénéficié jusqu'à 1a moitié du XVIII< siècle. Toutes les anciennes institutions locales y étaient détaillées, avec des 3 R. NouAT, Un giacobino piemontese, Itinerari, Octobre 1958. 4 J.-A. Duc, Histoire de l'Eglise d'Aoste, IX, Sc-Maurice 1914, pp. 118-120. Le docu– ment provient des archives propres de Mgr Duc.