Bibliotheque de l Archivum Augustanim - 01/05/1985
Etudes d'Histoire Valdôtaine 61 considérations très étendues sur le régime de la quasi-indépendance qui avait caractérisé la vie valdôtaine dans le domaine politique, administratif, judiciaire, économique et militaire. «Tous les efforts du Gouvernement -concluait Réan -pour conduire le Pays au même degré de servitude que les autres pays furent déjoués par son zèle, sa fermeté et sa vigoureuse résistance» . Véritable et antique Résistance Valdôtaine! L'influence de Til– lier apparaît ici au grand jour. Il est regrettable qu'on ne connaisse pas les motifs réels qui ont déterminé J.-B. Réan à envoyer un rapport de cette sorte au gou– vernement d'une république étrangère, qui se trouvait alors en état de guerre avec le royaume·sarde. · Mgr Duc justifie ce comportement inouï, en supposant, avec vraisemblance,que l'homme politique valdôtain, regardant d'un oeil confiant et perspicace l'avenir, pressentait «que le gouvernement sarde ne pouvait résister à la marche envahissante des armées françaises et que bientôt le Duché tomberait sous le joug de la domination républicaine». Mais à l'encontre de l'étrange argumen– tation finale de Mgr Duc\ il nous semble que Réan, en prônant la cause des libertés- valdôtaines, ne visait raisonnablement qu'au réta– blissement d'une forme d'autonomie dans le cadre de la liberté si hautement proclamée par la France révolutionnaire. Une nostalgie, de nature purement sentimentale, pour les an– ciennes libertés du Pays, mais en même temps un refus net de les concevoir, au nom du «civisme» , sous la forme des privilèges féo– daux , caractérisent aussi un autre document, dont la rédaction peut être fixée aux premières années du XIX• siècle. Il s'agit d'un manuscrit anonyme, portant ce titre: Origine, progrès, révolution et finale paralysie du Conseil des Commis, qu'on doit très probablement attribuer à l'avocat Jean Christillin 6 • Cet écrit ' •L'intendant Réan visait-il au rétablissement de ces libertés sous un régime répu– blicain? Non, il savait fort bien que la Républiq.ue au lieu de doter le pays des bienfaits d'une sage liberté, lui apporterait de nouvelles chaînes». 6 (Publié par L. CoLUARD, IV' Cahier sur le_particularisme va/dôtain, Aoste 1973.]
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