Bibliotheque de l Archivum Augustanim - 01/05/1985

Etudes d'Histoire Valdôtaine 65 n'hésite pas à déclarer que «le Conseil des Commis du Duché d'Aoste est l'institution la plus libérale qui n'ait jamais été donnée dans les Etats de la Maison de Savoie. C'était - écrit-il - une réunion des représentants de la nation, une véritable chambre des députés du Pays d'Aoste. Il fut complètement mutilé par l'édit du 13 août 1773. M.me de Staël avait donc raison de dire que la liberté est ancienne et que c'est le despotisme qui est moderne. Mais, M. l'historien, vous auriez dû vous étendre sur les droits, les prérogatives et les immenses services d'un tel Conseil. Mais vous ne savez pas écrire l'histoire. Le pays d'Aoste était alors une nation. Les anciens registres parient des Etats d'Aouste» . L'abolition des anciennes institutions locales a constitué, selon Chevalier, «un malheur pour ce pays. Ce fut un énorme pas rétro– grade qu'on fit faire à l'état de sa législation. Il était depuis 1586 régi par son coutumier, dont tous les jurisconsultes admirent aujourd'hui la savante rédaction» . «Par la publication des Royales Constitutions , ce pays fut privé de ses lois écrites en langue française et toutes réunies dans un seul volume, et il fut lancé comme le pays du droit écrit dans le dédale des lois romaines, dont l'accès n'était permis qu'aux jurisconsultes seuls» . Quant à la parution du nouveau code civil albertin (1837) . «C'est vrai- ajoute Chevalier- on l'attendait depuis longtemps. Et il paraît qu'on ne se soit décidé à le publier que lorsqu'on a vu que le peuple le réclamait impérieusement. Pourquoi n'aller qu'à la remor– que des autres nations? Mais pour le Duché d'Aoste rien ne peut remplacer son ancien Coutumier. Puisse-t-il un jour renaître de ses cendres». Mais là où l'anticonformisme de Chevalier atteint son comble, c'est lorsqu'il se pose la question, si, au point de vue exclusivement politique, l'insuccès de la <<coupable entreprise» de Calvin, ainsi qu'elle est définie par Orsières, ait été un bien ou un mal pour la Vallée d'Aoste. La demande n'est pas tout à fait oiseuse. Elle met au jour un penchant caché de la pensée politique de Chevalier et peut-être des radicaux valdôtains du XIX• siècle.

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