Bibliotheque de l Archivum Augustanim - 01/05/1985

66 Lin Co/liard Ici notre avocat dépasse sans doute Tillier, qui avec sa prudence habituelle et son sens critique; s'était simplement borné à constater le manque d'une ((preuve authentique» relative au séjour de l'hérésiarque à Aoste. Les solides principes catholiques du gallican Tillier, ne lui eus– sent, d'ailleurs, jamais permis de s'abandonner aux «illazioni» d'un Chevalier! Il faut en venir aux temps modernes pour retrouver chez un auteur une prise de position presque identique. N'est-ce pas Saint Loup qui a étrangement reproché aux valdôtains d'avoir manqué «le coche» à l'occasion du prétendu voyage de Calvin? «Le coche» -d'après l'écrivain français -aurait signifié «Can– ton suisse, liberté, paix, franc-or, sagesse perpétuelle»!?! 10 • Nous nous sommes quelques peu attardés dans l'analyse de ce texte, car il nous semblait précieux pour documenter la réaction du milieu progressiste et laïque d'Aoste vis-à-vis de la question valdô– taine. Nonobstant les anachronismes évidents où tombe l'avocat Che– valier, on ne manquera pas de souligner le puissant souffle de patriotisme qui anime son écrit. La découverte et la valorisation de J.-B. De Tillier, _ seront l'oeu- · vre des savanes ecclésiastiques valdôtains de la moitié du XIX< siècle, et particulièrement de leur chef de file, Jean-Antoine Gal. Encore, cet intérêt pour l'oeuvre de Tillier ne s'exerça-t-il en ce moment-là que sur le plan de l'érudition. Seulement dans la deu– xième moitié du siècle, alors que la politique d'oppression linguisti– que de la part de l'Etat redonna de l'actualité aux instances régiona– listes, on saisit toute l'importance historiologique du Recueil de Tillier et on l'évalua à son juste titre. Ce fut alors qu'on entreprit l'oeuvre de vulgarisation, rendue possible de par le changement du climat politique: ce sera la tâche du chanoine Bérard, de l'historien Lucat, de l'éditeur Mensio. Le cha– noine Bérard, en particulier, s'était prévalu des thèses politiques de Tillier, déjà daris sa réponse à Vegezzi-Ruscalla en 1862, et avait 10 SAINT-LouP, Pays d'Aoste, Paris 1952.

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