AVANT-PROPOS La période des réformes en Vallée d'Aoste est liée au nom du premier intendant, Vignet des Etoles, qui effectua, sur le plan pratique, le passage des anciennes formes de gouvernement du Duché à la nouvelle administration centralisée de l'Etat. Le rôle qu'il a joué suffirait à accorder un poids considérable, dans le domaine historiographique, au Mémoire rédigé en 1778, dans le cadre des fonctions administratives que Vignet exerçait pour porter à la connaissance du gouvernement l'état économique et social de la province. Mais la matière même de l'ouvrage excite notre curiosité par sa richesse en renseignements géographiques, anthropologiques, économiques et sociaux, par la minutieuse description du territoire tout entier, selon la répartition des communes établie en 1762. En telle direction le Mémoire se révèle comme un témoignage de la disposition du dix-huitième siècle pour l'étude des sociétés, de celles rurales surtout, et plusieurs passages nous transmettent la curiosité, létonnement, les sentiments de l'observateur désintéressé, à côté des données quantitatives essentielles que nous offre le fonctionnaire. Sous le rapport des institutions historiques, Vignet se place en représentant du centralisme monarchique (dispotismo illuminato), non seulement pour la raison évidente qu'il en était le principal fonctionnaire en Vallée d'Aoste, mais surtout parce qu'il identifie tout court la nouvelle administration avec le progrès économique et civil. La polémique acharnée contre les revendications valdôtaines, menée au moyen d'arguments historiques et juridiques, est assaisonnée de représentations grivoises des procédures et du manque de fonctionnement des corps traditionnels; cette partie du Mémoire revêt un remarquable intérêt historiographique, car elle expose, sous une forme claire et exhaustive, le status quaestionis des rapports entre le Duché d'Aoste et l'Etat centralisateur, sous l'optique de ce dernier, et se place en opposition totale à l'historiographie autonomiste et à
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