Mémoire sur la Vallée d'Aoste 123 s'etre engagé depuis Livrogne sur la grande route, dans un chemin etroit sur le penchant d'une montagne fort droite bordée de precipices de plus de cent coudées d'hauteur presque continuels, pendant trois lieues confine aussi à la Tarentaise; il y a meme un passage qui conduit à Sainte-Foy où l'on avait fait des retranchemens pendant la derniere guerre, desquels on decouvre par l'enfilade des vallons le Bourg de St. Maurice. Les confins du midi commencent à la vallée de Remes où il y a deux passages: l'un qui tend à Tignes en Tarentaise, l'autre à Bonneval en Maurienne. Ensuite Valsavarenche confine aussi par le mont Iseran la Maurienne, et ensuite la val de Cerisol du Canavesan; il y a aussi des passages pour ces deux provinces mais seulement en été et en traversant des glaciers. La vallée de Cogne confine avec la vallée de Cerisoles et la val Locana, et Champorcher s'etend par la sommité des monts au long de val Locana et de val Soana; il y a quatre passages praticables en été. Enfin Vert confine par les montagnes au midi avec la vallée de Bros et par Quinciney au levant dans la gorge qui tend en Piémont au midi de la Doire. Cette riviere qui coule tout au long de cette vallée se forme d'abord de quatres principales branches: l'une qui descend du Petit St. Bernard passant sous le pont Seran se vient joindre à l'autre qui descend du Rutord à quelque pas au dessus de l'eglise de La Thuile; cette seconde branche est celle qui cause d'affreuses inondations parce que resserent souvent les eaux des neiges et forment un lac de ce nom et si elles viennent à se rompre tout à la fois les eaux partant en meme temps entrainent des rochers, pierres et graviers auxquels presque rien ne peut resister, surtout si les deux autres branches qui se joignenent à celles ci au dessous de Pré St. Didier, et qui partent l'une du lac de Combales qui recoit toutes les eaux de l'Allée Blanche et l'autre de la val Perrex qui se reunissent sous le village d'Entreves paroisse de Courmayeur donnent aussi en meme temps. Elle ravage alors le fond, soit les meilleures terres de toute la vallée jusqu'au Pont St. Martin, rompe et emporte des parties de la grande route qui est toute assise au long de cette riviere sur son bord du coté du nord mieux exposé ainsi au midi. Elle est grossie dans cette etendue de 22 lieues par tous les torrens qui descendent avec impetuosité des
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