Bibliothèque de l'Archivum Augustanum

128 A.-L.-M. Vignet des Etoles de ces quartiers sans consulter ni le local ni les interets et les charges communes, comme d'etre de la meme eglise, de se servir du meme pont et chemin, des memes bois, à la conservation et reparation desquels ils sont tenus, ce qui oblige à des repartitions particulieres difficiles et couteuses. On espere de reformer la fixation de plusieurs territoires à l'occasion de cette péréquation. Les goitres qui sont si communes dans ce païs et si exhorbitantes qu'elles en rendent plusieurs hebetés et incapable de travail et le grand nombre d'imbecilles qui s'y trouve, vulgairement appellés cretins, sont ils un triste effet du climat ou des moeurs: les sentimens sont partagés et après plusieurs observations je pancherai pour le second. Ceux qui sont du premier n'attribuent pas ces deux infirmités, qui sont fort proche l'une de l'autre et ont je crois la meme cause comme les memes suites, à l'air qui est tres ventillé, ni aux alimens qui sont tres sains et de bon gout, mais à l'eau qui est toute de neige prochainement fondue, blancheatre et epaisse en été, mais si c'en etoit la cause, l'effet en serait encore plus general; dans un village il y a plus de la moitié des habitans qui n'ont pas la portion de raison comme de figure humaine necessaire pour se conduire, tandis que dans ceux tant au dessus qu'au dessous qui boivent de la meme eau on trouve fort peu de ces malheureuses créatures: à St. Victor de Challand, par exemple, toutes les familles en sont affligées, à St. Anselme au dessus il n'y en a point et fort peu à Verrès au dessous; ils boivent cependant tous l'eau du meme torrent Evenson qui descend de cette vallée. J'attribue plutot ces deux fléaux qui rend inutile et plustot à charge de la dixieme de la population de ce païs au vin, soit à son exces auquel on etôit fort adonné, ensuite à l'air epais et etouffé des ecuries du betail où les familles se tiennent ressemblées en hiver pour profiter de sa chaleur, et lorsque la personne qui est reduite dans cet etat vient à se marier il ne transmet point un sang plus epuré à sa descendance qui perpetue et etend cette race. Les vins de ce païs 'sont beaucoup chargés de tartre, ils ne portent point la gaieté et l'hardiesse avec leurs fumées dans les cerveaux, pris en plus grande quantité qu'à l'ordinaire comme en Savoye, mais ils rendent melancoliques et pesants; l'exces ne se dissipe pas si tot et continue plus longtemps l'abrutissement. Je crois qu'un homme yvre et accoutumé de l'etre, s'approchant dans cet etat de sa femme ne peut produire qu'un automate, surtout si l'enfant nourri et élevé

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