Mémoire sur la Vallée d'Aoste 151 Après ce portrait, aussi abregé sur les inconveniens que veritable, des Etats, du Conseil des Commis et de la Cour des Connaissance, qu'on juge de l'utilité des privileges et coutumes qui avaient fait l'objet des travaux et des depenses pendant deux siecles de cette province, la gloire de ses meilleures tetes qui se donnaient aux peuples comme leurs defenseurs, et l' ambitions de ses bons sujets qui se bornoient à venir se concentrer sur ce melange de politique, de jurisprudence et de domination qu'on n'obtenait qu'à force d'intrigues, de cabales et de haines entre eux. L'appareil des Etats tenus par un Prince du sang ou au moins par un chevalier de l'ordre avec un des principaux Ministres du Roi, ayant à leur tete un eveque avec des principaux seigneurs pouvait en imposer, mais le reste de la noblesse n'etoit pas en etat de soutenir cet eclat, une partie autant privée de lumieres que de fortune ne repondoit pas à la dignité du sujet; il etoit avili à la farce par des opinions jettées au hazard et refutées par des badinages grossiers suivis de grands eclats de rire. Les declamations de trois jeunes orateurs qui faisaient une piece d'ecole sans principes et sans connaissance annoncoient que c'etoit un jeu d'enfans. Les deputés des communes melés avec la foule du public ne disant et n'entendant rien, ne signifiaient rien que pour la forme. J'ai assisté aux deux derniers où je n'ai pas entendu ouvrir un avis de quelque utilité, ni suivre un raisonnement quelconque.J'ai lu les registres de tous ceux qui se sont tenus depuis deux siecles où je n'ai rien trouvé de mieux, et cependant cette formalité qui n'aboutissait qu'à faire imposer le peuple sans base par la noblesse et le clergé qui ne concourent point à la taille coutait aux publics la moitié environ du tribut d'une année au Souverain, et à donner une liberté à des gens sans connaissances et prudence de declamer contre le gouvernement. J'ai parcouru de meme les registres immenses du Conseil des Commis, je n'ai trouv.é qu'un esprit de corps en garde contre le gouvernement toujours occuppé d'etendre ses pretensions et son autorité, sans vue pour le bien public, le sacrifiant meme à leur pouvoir et à la prepuissance des vassaux qui y dominaient, surtout la Maison de Challand qui a constamment joué le role de protecteur de la province. Ne se melant jamais de l'administration des communes, ri' ayant jamais songé à aucun etablissement utile à la province, rendant tres imparfaitement la justice qui dependoit de lui, ne prenant point des mesu-
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