Mémoire sur la Vallée d'Aoste 153 la forme du Gouvernement d'Aoste etoit la meilleure à cette fin il l'aurait etendue à ses autres provinces, que si elle ne l'etoit pas il se croyait obligé de revoquer des privileges qui, onereux au public, ne tournoient tout au plus qu'à l'avantage de quelques particuliers qui avoient ladresse de s'en prevaloir, et qu' Elle se reservoit de les remplacer plus utilement par des egards particuliers dans la fixation de la taille. Pour moi qui ai du travailler au detail de tout ce qui etoit relatif aux loix et usages de ce païs pour le mettre sous les yeux du Congrès en me depouillant de la prevention qui s'insinue naturellement dans le coeur de l'homme appliqué à une affaire sur son utilité, et meme abstraction faite des sentimens qui doivent animer ceux qui ont l'honneur d'etre employés au service de son Souverain, me mettant à la place d'un simple citoyen, je ne crois pas qu'un Roi ait pu faire à la fois plus d'avantages réels à cette province qu'en la faisant jouir du meme gouvernement des autres, et si on offrait au Chablaix la forme ancienne de celle ci avec tous ses pretendus privileges, je serai le premier à reclamer Sa justice contre Sa bonté, à moins qu'on ne dut entendre le droit de s'imposer dans une etendue qui choquerait la justice distributive entre les differentes partie de l'Etat, et lamour que tous les sujets doivent egalement avoir pour leur Prince. Mais ce qui m'a etonné après avoir vu tant d'appareil, tant d'importance attachée à toutes les affaires de ce Duché, tant de politique, d'ouvrages et de ressorts mis en oeuvre depuis des siècles pour s'opposer à des changemens si bons en eux memes, c'est d'avoir vu que toutes ces decorations, ces grands mots et ces peines semblables à celles du theatre ne couvraient que les haillons de la misere, que les vald'aostains payaient autant que les autres sujets à proportion de leur terre et de leur situation, ou au moins que la difference n'en meritoit pas la verification, et qu'elle etoit plus que compensée pour le peuple par le mauvais ordre de toutes choses. C'est ce que je ne puis qu'entrevoir n'ayant point encore les nouveaux cadastre pour faire des paralleles sur la mesure et lestime des terres, mais ayant deja parcouru toute la province en jugeant à vue d'oeil, je ne crois pas qu'il y en ait aucune des plus petites de la Savoye qui ait une moindre quantité de terres cultivables, et si elles sont d'un plus grand rapport ici, il n'est du qu'à la meilleure culture et aux plus grands frais qu'elles exigent, d'ailleurs compensé par le peu de sureté
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