Bibliothèque de l'Archivum Augustanum

Mémoire sur la Vallée d'Aoste 163 veaux et genisses à 13.600 et celui des moutons et brebis de 56.000, sans parler des chevaux et mulets que j'estime etre au nombre de trois mille environ, les neuf dixiemes de cette derniere espece asses belle, qui fait un objet de commerce pour ce païs au lieu que l'on n'y a que de tres mauvais petits chevaux. Je dis cette population tres forte à proportion des terres cultivables, puisque, malgré qu'on en tire presque tout le parti possible, que I'agricolture y soit portée au point où elle n'a point atteint generalement dans aucune autre province, malgré la parcimonie des habitans et leur usage de pain dur, qu'il en sorte environ six mille chaque hiver, elle ne produit pas du bled, meme dans les bonnes recoltes, de quoi nourrir ses habitans, et comme faite, je crois qu'il en manque une dixieme du necessaire, soit 12.000 sacs environ, qu'on tire ordinairement du Piémont et quelque fois de la Tarentaise. Aussi le prix des bleds suit toujours celui du Piémont, soit du marché d'Yvrée. Les terres se labourent aisement avec un seul mulet ou boeuf, quelque fois deux, pour la rompre la premiere fois, mais elles ne produiraient presque rien si on ne les fumait au moins chaque trois ans et le bled secheroit meme en herbe si on n'arrosait les champs; dans la plaine et le bas des collines on les seme tous les ans, plus haut et dans les montagnes on ne peut le faire que deux années l'une, parce qu'il faut y semer avant que le bled y soit encore parvenu à maturité, de facon que un tiers des champs de cette province est necessairement oisif, mais un grain en rend generalement entre quatre et cinq, c'est à dire un sac de semature en produit quatre ou cinq, tandis que generalement en Chablaix il n'en donne pas trois. Il est surprenant que dans un païs si fort de montagnes il y ait autant de vin et en partie d'une maturité qui n'a rien au depans que les vins d'Espagne ou semblables. Depuis l'entrée du Duché vers le Piémont jusqu'au dela de Morgex vers Pré St. Didier on ne quitte point les vignes qu'on voit jusqu'à mi-colline à droite et à gauche; elles sont en treilles basses, un peu plus elevées du coté du midi afin que le soleil penetre au fond d'icelles. Il faut des bois extremement forts pour les soutenir sous le poids des neiges en hiver et quantité de petits pour les traversieres afin d'y attacher et ranger les pampres au printemps. Cette contiguïté de treilles et d'armures fait dans cette saison voir la colline comme un batiment non encore couvert de tuiles: elle ne vient que par provins ou plantations de ceps avec avec

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