Bibliothèque de l'Archivum Augustanum

Mémoire sur la Vallée d'Aoste 169 terre serait la soye, qui reussit d'une tres bonne qualité dans ce païs; les meuriers y viennent bien et fort beaux, mais après en avoir depuis quelque temps beaucoup planté, les frequentes gelées du printemps, en levant le premier aliment aux vers à soye, ils ont rarement reussi et on s'est trop degouté, n'y ayant pas d'ailleurs des batimens propres, et etant bornés aux soins des Dames, sans avoir pris parmi le peuple. Ce n'est pas un objet de 10.000 livres pour le païs. Le noyer parait ensuite le plus avantageux, mais, exposé à la meme intemperie et eventualité du printemps, il peut à peine suffire, commune faite, au besoin d'huile des habitans; ·il en entre plus de celle d'olive qu'il n'en sort de celle de noix: il faut qu'autrefois il y en eu d'avantage puisque dans l'exemption de la sortie pour le Piémont selon les dites patentes du 1683, il y a 800 rups de noyaux, qu'on remplace aujourd'hui par du fromage. L'on a en effet detruit beaucoup de noyers, soit parce que leur ombre est nuisible, soit parce que leur produit est trop casuel, mais plus encore parce qu'on n'a pas ici presque d'autres bois à bruler pour la chambre et la cuisine, n'y ayant que des bois noirs et des fruitiers, sauf quelques vernes dans les isles, ainsi qu'on le dira ci après à l'article des bois. Les armandiers passaient eutrefois pour un objet de consideration pour cette province; il y en a beaucoup, mais les meilleurs cultivateurs trouvent leur compte à les arracher de leurs vignes, leur ombre, quoique des moindres, y portant plus de prejudice que le fruit trop printanier, qui perit au moins quatre fois par une qu'il reussit, ne donne de profit. Ce qu'il y a de particulier c'est que lorsque on le sauve et qu'il y en a beaucoup, les amandres ont un plus haut prix parce qu'on vient le chercher du Piémom, au lieu que lorsqu'il y en a peu, elles n'on pas plus de valeur que les noix. Depuis qu'on a ouvert le Montjovet, de cette ville il passe meme des poires et des pommes en Piémont, mais c'est un objet que je ne crois pas pouvoir etre calculé à plus de trois ou quatre mille livres. Il y a presque toutes sortes de beaux fruits dans ce païs que deux ou trois cultivateurs passent pour avoir tiré dans ce siecle de Savoye et de France meme: cette emulation qu'il y a eu un temps n'est pas suivie et l'art des vergers ne repond pas au reste de l'agriculture ni à leur reussite et au bon gout des fruits qu'ils donnent. Ils sont fort printaniers dans la basse Vald'Aoste qui est depuis le Montjovet en Piémont; cette partie abonde meme des fruits à noyaux et d'excellentes figues.

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