Bibliothèque de l'Archivum Augustanum

Mémoire sur la Vallée d'Aoste 179 avant la maturité des raisins qui en souffrait beaucoup, l'attribuant à ces exhalaisons. Je les appaisé et me refusai à leur recours sur ce que j'avais laissé le Chablaix où il n'y a aucune miniere dans le meme etat et meme pis, puisque les chategniers y avaient aussi perdu leurs feuilles dès la mi septembre et leur fruit resté petit et desseché. On dit ici pour sauver cette contradiction manifeste du produit egal des fonds voisins aux fabriques que la fummée s'elevant en nuage ne nuit qu'aux endroits où ce nuage va fondre et se reposer, et on croit toujours que lorsque les aricots et autres legumes jaunissent et dessechent dans certains cantons, il y est tombé un de ces nuages d'exhalaisons, comme si cet accident plus ou moins general qu'on connait partout sous le nom de rouille etoit particulier au païs. Quoique les opinions universelles ayent ordinairement quelque fondement et meritent toujours d'etre considerées, il faut donner beaucoup à l'opinion des peuples qui veulent toujours attribuer à des causes particulieres, meme superstitieuses, les effets des causes naturelles, comme certaines rosées ou pluyes suives d'un soleil ardent qui cuit les plantes tendres, et generalement ici on n'est pas pour les minieres parce que le public n'y voit que l'interet particulier des proprietaires et acensataires d'icelles, sans considerer qu'ils sont obligés de verser beaucoup d'argent dans le païs qui en fait une de ses considerables ressources. Enfin un autre revenu, mais bien petit, que cette province tire de ses bois est par le moyen de la therebanthine, poix noire, ecorces et quelques planches qui vont en Piémont avec permission. La therebanthine se tire en percant les arbres: si on avoit soin de les reboucher après, ils ne deperiroient pas et reprendraient leur vigueur pour continuer meme à croitre et servir à tous leurs usages. Trop peu assuré de ce soin, je ne donne de permissions que pour les bois qui ont deja été percés, et quant à la poix noire, ce n'est que tres rarement pour des bois dont on ne peut se servir pour rien autre. Je n'accorde jamais de permissions pour ecorcer les arbres sur pied, mais seulement pour sortir de la province les ecorces des bois coupés et employés à d'autres usages que les petites et mauvaises taneries de cette province ne peuvent consumer et dont il est bon de tirer parti. On ne m'a demandé-jusqu'ici que deux ou trois permissions d'extraction de planches pour le Piémont, ce qui est un parti bien plus avantageux que de reduire ces bois en charbons. Tous ces articles n'apportent pas trois mille livres à ce Duché.

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