Bibliothèque de l'Archivum Augustanum

180 A.-L.-M. Vignet des Etoles Parmi les avantages d'une province on compte les eaux minerales; celles de Courmayeur quel'on croit vitrioliques, sulphurées, alumineuses et nitreuses jouissent depuis longtemps d'une reputation etablie meme chez l'etranger; on en trasporte beaucoup en Piémont et ailleurs, quoique elle perde plus de la moitié de sa force au gout seulement du dit lieu en cette ville, malgré toutes les precautions à lutter les bouteilles; elle attire egalement quantité d'etrangers surtout depuis que la route du coté du Piémont est ouverte, pour la boire à Courmayeur ou au bas à Pré St. Didier qui est enrichi par une source d'eau chaude près de laquelle cette province a fait construire de petits bains qui presentent au moins des chambres à cet effet pour les deux sexes.J'estime que ces deux objets attirent un versament de près de dix mille livres annuellement dans cette province; cet avantage augmenterait considerablement si 1' accès de cette province d'autre coté que du Piémont etoit rendu plus praticable. Ces eaux de Courmayeur ont plusieurs sources. La premiere appellée la Marguerite est au pied du chef lieu appellé la Ville, au dessous d'une terre mouvante dont on la peut cependant defendre aisement, de meme que de la Doire qui passe auprès. Il est plus aisé d'y aborder, mais on a negligé le sentier qui y conduit parce qu'elle est comme abandonnée pour etre moins piquante et forte que les autres sources. Celles ci sont de 1'autre coté de la Vallée presque vis à vis un peu plus bas; il faut du chef lieu s'en ecarter en remontant pour passer la Doire sur un pont qui conduit à l'hameau de Dollone d'où l'on redescend par un sentier à travers des prés particuliers dans le lit du torrent du nome de ce village où elles se trouvent au bois. La premiere, que l'on dit n'avoir paru que depuis une inondation du 1768, n'est pas la meilleure, quoique de la meme qualité, parce qu'elle est melangée d'autres eaux pures, mais celle qu'on trouve ensuite qui s'appelle fa Victoire est la plus forte de toutes. C'est à celle ci que tout le monde accourt; elle ne donne qu'un filet gros comme une plume dans les temps de secheresse surtout qu'elle est meilleure; à cinquante pas plus bas il y en a une autre plus petite et moins forte, et à cent autres pas une autre encore, mais qui, moins piquante, parait etre ferrugineuse. Elles risquent toutes d'etre perdues dans le lit de ce torrent, comme il est deja arrivé à la fameuse nommée anciennement la Marie Jeanne Baptiste, qui bouillonne sous les eaux de ce torrent. Les gens de l'endroit croyent inutiles d'y faire des digues parce que

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