Bibliothèque de l'Archivum Augustanum

Mémoire sur la Vallée d'Aoste 183 prieté est commune à toutes les fontaines de cette vallée et de quelques autres comme d'Oyace. Quant au commerce de cette province, à part l'achat des danrées et habillemens qui lui manquent et la vente de ses productions surabondantes, il est nul, n'y ayant ni passage ni manufactures. Au moins le premier se reduit à quelques recrues par le Grand St. Bernard et à quelques vagabonds par tous les deux. Il est rare d'y voir passer quelques voyageurs de consideration, et l'Italie ne tire aucune marchandise par ces routes: le haut milanois et païs au dela recoivent les leurs par le Simplon et le St. Gothard. Le Grand St. Bernard seroit un passage plus comode à peu de frais pour plusieurs articles et provinces, si la route de Chablaix, plus courte que celle du païs de Vaud, etoit ouverte et si l'on levoit les entraves du passage par le Vallais qui consistent dans un droit de traite foraine et un privilege exclusif de souste soit de transport de marchandises en faveur des habitans de deca et dela dite montagne, sur lequel on a traité avec la Republique du Vallais en meme temps que des limites sur cette montagne. Les manufactures se reduisent à quelques etoffes grossieres de laine que fabriquent les paysans pour leurs usages: la seule communauté de Champorcher en fait de plus mediocres qui vont meme en Piémont, mais au lieu de se servir de rouets comme ailleurs et les capucins de cette ville qui font ici les draps de leur province, hommes et femmes ne filent qu'au fuseau. L'on avoit etabli ces années passées à Châtillon une manufacture de rubans qui alloit asses bien, mais le defaut de debit d'autre part que du coté du Piémont où la douane d'entrée emportoit le profit, a degouté le sieur Bic qui l'avait entrepris et qui a cependant encore les metiers. Celle qui conviendrait le mieux à ce païs seraient d'abord des taneries et chamoiseries pour bien preparer les cuirs et peaux que le païs fournit et qu'il rachete en partie de la Suisse où ils se travaillent. Il suffirait à cet effet de trois choses: la premiere de se procurer un habile ouvrier parfaitement instruit del'art, la deuxieme de procurer un bon fond d'avance; puis ce qui fait le principal defaut de celles de ce païs c'est que les taneurs n'etant pas riches ne laissent pas assès à l'aprêt et ne font jamais de bonne marchandise; la troisieme de defendre ensuite l'extraction des cuirs et peaux non preparés en prenant cependant les precautions convenables pour que les taneurs du païs ou piemontois n'en fassent un monopole en les tenant

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