184 A.-L.-M. Vignet des Etoles au bas prix qu'ils y mettraient. C'est cette crainte qui à dejà empeché qu'on ne demanda ici cette defense. Après cet objet pour travailler dans le païs une de ses principales productions, celui qui m'y parait propre serait d'y etendre le filage de la laine, du coton et meme de la bourre de soye pour donner de l'occupation au peuple chez lui pendant l'hiver qui est un temps perdu pour lui n'ayant rien à faire, et d'y etablir ensuite quelques manufactures pour les mettre en oeuvre, mais cet article merite un projet particulier à part, lié avec celui d'y bannir la mendicité et par consequent les aumones publiques qui l'entretiennent. On remarque seulement en general que quoiqu'on puisse faire bien des choses encore dans ce païs, il n'est pas cependant susceptible de manufactures qui exigent l'abondance et le bas prix des danrées. C'est à leur defaut sans doute qu'il faut attribuer originairement la sortie de plusieurs habitans de cette province qui est plus considerable dans les cantons plus depourvus de grains et qui s'est etendue comme une ressource d'un lieu à un autre. Ceux de la Vallaise sortent en été pour aller exercer le metier de macons qu'ils apprennent tous; ceux de Valdigne et de plusieurs autres paroisses sortent en hiver pour peigner la chanvre, ramoner les cheminées, scier le bois et faire d'autres ouvrages semblables en Piémont et dans le milanais; ceux de Gressoney vont trafiquer en Allemagne; ceux de Valgrisanche et de La Sale en France. Je compte qu'il y en a au moins six mille commune faite qui se nourrissent non seulement ainsi pendant quatre ou cinq mois dehors de chez eux et qui y rapportent commune faite douze livres de profit chacun, ce qui fait un des principaux moyens d'entrée de l'argent dans ce Duché qui monte ainsi à 70.000 livres. L'argent que le Roi verse dans cette province par les appointemens, pensions, y compris l'entretien du fort de Bard et les invalides de cette ville, les soldats de gabelle et de justice n'excede pas je crois 20.000 livres. Après avoir ainsi parlé des differentes sources d'entrée del'argent dans ce païs, voyons la sortie. La plus considerable est pour le sel qui porte 180.000 livres, en supposant seulement 8.000 ecus de debit au dela des 27.400 portés par le contrat. Cette gabelle, comme nous avons dit ci dessus, est beaucoup plus onereuse au peuple dans cette province que dans les autres, parce qu'elle est en ferme, que l'entrepreneur le vend tout quatre sols trois deniers la livre, que n'etant
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