Mémoire sur la Vallée d'Aoste 185 obligé de tenir que huits bancs à sel dans ce Duché, savoir dans cette ville, à Nus, Châtillon, Verrès, Donnas, un dans la Valaise, à Fontanemore ou Lilianes, à Villeneuve et à Morgex, qu'ayant la liberté de le vendre à credit, le paisan a une voye ouverte pour se debaucher et se ruiner en faisant un canosin (?) de cette marchandise. La ferme ne passe pas pour l'administration d'un bon pere de famille; elle oblige de fermer ce païs d'avec le Piémont de facon à perdre des sujets du Roi qui passent du seul d'un lieu de ses Etats dans un autre voisin. Elle devient plus redoutable par les ventes à credit qu'il faut faire acquitter par brigades et frais d'executions. L'eloignement des bancs à sel qu'il ne convient pas au fermier de multiplier, oblige les paisans à en prendre des quantités à la fois et à recourir à ces credits dont il paye bientot les interets; n'en ayant point au dessous de ce prix, il ne peut en donner à ses troupeaux autant que leur conservation et leur prosperité l'exigerait. Ces raisons et d'autres plus en detail ont été exposées par un memoire envoyé à M. le General des Finances deja le 20 janvier 1776. Ce n'est qu'ensuite d'un consignement des hommes et du betail qu'on pourrait constater que cette gabelle rendrait davantage ou tout autant sur le pied des autres provinces du Piémont, comme je le croirais sur la population de celle ci; il est certain au moins qu'elle a ici plus de consequence pour le public. La taille Royale sur le pied actuel est de 66.666 livres et l'on doit y ajouter 10.000 livres que cette province paye annuellement pour les frais de sa perequation, laquelle somme devra etre continuée assès longtemps jusqu'à l'acquittement d'iceux. Je ne compte pas ici L. 11.248 que cette province paye pour les dettes qu'elle a contracté de L. 314.115, 15, 4 de capitaux au 3,1/2%, partie au 4 pour L. 87.000, et partie encore au 5 pour 1.5OO livres, parce qu'à part une qui reste de L. 250 pour 8.000 livres de capital envers les administrateurs d'une oeuvre pie de Chaumont en la province de Suse, ils sont tous en faveur des valdaostains et s'ils sont un poids à ceux qui payent taille, ils ne sont pas une sortie d'argent dans ce Duché. Il en est de meme des gages du Thresorier, du Secretaire du Conseil des Commis, medecins, chirurgiens et autres qui portent L. 4.569, comme aussi des depenses pour ponts, chemins et digues de L. 15.000, et les diverses pour l'entretien des batimens de cette province, bains de Pré St. Didier, frais de santé et autres calculées à L. 3.000, puisque rien de tout cela ne sort de la province. Le Tabellion produit
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