Bibliothèque de l'Archivum Augustanum

Mémoire sur la Vallée d'Aoste 187 ville et de l'hospitalité sur le Petit St. Bernard. L'entretien des vald' aostains qui vont faire leurs etudes et prendre leurs grades à Turin, les frais de ceux qui recourent au Roi, aux magistrats supremes ou au Senat de Savoye pour des affaires ou des procès ne portent pas moins de 24.000 livres de sortie. L'on n'a pas heureusement en Aoste de benefices dont les revenus se consument au dehors, à part le prieuré de Chambave que possede Rd. Millieri, pretre à Rome, et qui ne lui donne qu'environ 600 L. de net et quelques miserables chapelles. Tous les autres benefices exigent residence. Les bulles des chanoines et curés et quelques dispenses peuvent porter dans cette capitale du monde chretien L. 1.200 commune faite. On voit par tous ces calculs d'aproximation au moins, que la circulation de ce païs roule sut 5 à 600.000 livres seulement et que la sortie egale à peu à peu près l'entrée; elle parait meme la surpasser, comme il resulte assès frequemment des speculations les plus justes; en peut on faire sur quatre provinces de Savoye qui ne prouvent qu'il n'y doit plus rester de numeraire: la seule Tarentaise assès pourvue de grains, plus riche par son betail et ses fromages que par les minieres et les salines, a evidemment de l'avantage dans la balance; la Morienne l'a à peu près egale. Il faut cependant que l'entrée soit necessairement dans deux ou trois ans egale à la sortie des especes. J'ai lieu de croire qu'il en a pas en Aoste plus de 150.000 L. au dela de la circulation par plusieurs raisons. 1° parce que s'il y entre 50 à 60.000 L. au delà de l'ordinaire tout le monde s'en appercoit aussitot par les rachats, payemens de dettes, et par une plus vive circulation, ainsi que l'on a vû en 1769 que les suisses firent voiturer par cette vallée une quantité considerable de grains qu'ils tirerent du Piémont, et que, pressés par la faim, ils fesoient conduire à bon prix. Ce passage, qui produisit au plus 60.000 L. dans ce Duché, fait epoque dans l'esprit des païsans et on le reconnait par les contrats du tabellion. 2° parce que l'on n'y connait presque pas gens qui fassent bourse; un chacun est empressé de faire fructifier les plus petites sommes de 50 à 100 L. 3° qu'à part les eglises mediocrement pourvues, il n'y a pas pour 20.000 L. d'argenterie dans le Duché. 4° par la difficulté d'exiger les tributs et le prix du sel dès qu'une mauvaise recolte oblige d'acheter plus de grains qu'à l'ordinaire du Piémont, ou qu'une gelée engage d'en tirer aussi du vin, ou que l'on est reduit de vendre du betail

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