Bibliothèque de l'Archivum Augustanum

192 A.-L.-M. Vignet des Etoles Ces chemins publics doivent etre peu à peu reparés selon les forces des communautés et pour ce païs, de facon seulement que deux mulets chargés puissent se contrepasser, au moins d'espace en espace à vue. Je remarque que les corvées, se repartissant ici à role de taille, sont plus justes et selon la Constitution qui porte que les frais seront à la charge des possesseurs des biens, qu'en Savoye, où elles sont selon les bras. Que neanmoins les communautés preferent ordinairement d'executer les ouvrages publics, au moins en partie, par corvées qu'à prix d'argent, parce qu'elles ont des temps presque oisifs et peu de numeraire. Je leur laisse toujours le choix entre ces deux partis, mais ces raisons sont trop puissantes pour faire tout executer par ouvriers, quoiqu'il soit certain que ceux ci fassent autant d'ouvrages que quatre corvées, malgré les soins qu'on peut prendre à les bien faire diriger, à moins qu'on ne distribue la portion du travail et non par journées, ainsi que je le pratique autant qu'il m'est possible. Je ne tairai point sur cet article que les partisans del' ancien gouvernement, par le meme esprit qui leur fait trouver mauvais tout ce qui est nouveau, n'ont pas moins blamé l'ouverture des chemins; outre les cris communs qu'ils excitent d'abord par la dépense, les corvées, le terrein qu'on prend (quoiqu'il ait été toujours payé, le Conseil des Commis l'avoit deja fait estimer et sur les etats verifiés j'ai fait acquiter pour plus de 18.000 L.) ils disent que les chariots ont fait passer aux piémontais le transport de bonne partie de leurs marchandises que leurs paisans faisaient avec leurs mulets dont ils ne peuvent ainsi plus entretenir la meme quantité; qu'ils ont donné accès aux vins du Piémont et à plusieurs autres articles dont on se passait; enfin que tout a rencheri extremement depuis lors, En effet auparavant on vivait ici à fort bon compte. Ce païs, fermé sauf aux mulets par le Montjovet, depuis en çà ne manque pas ordinairement de grains, sauf la Valdigne qui le tirait de Tarantaise; ainsi, à part le ris et quelque bled turc, on en faisait rarement venir du Piémont; concentré, sans circulation, on se passait de bien de choses, l'on vendait aussi moins dehors. Le bas prix des productions du païs n'est jamais qu'une preuve de sa misere au moins en numeraire; presentement elles y sont aussi cheres que partout ailleurs et les etrangeres y sont à moindre prix qu'auparavant. Les peages sur les chemins en sont une suite: ils se trouvent en aussi grand nombre dans ce païs qu'il y a des jurisdictions, restes d'un temps barbare où chaque seigneur comme souverain dans ses

RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=