Bibliothèque de l'Archivum Augustanum

Mémoire sur la Vallée d'Aoste 195 l'a toujours pretendu; ils ont donné lieu à des reclamations presque continuelles depuis 1645 jusqu'en 1768. Cependant celui de Bard ayant été vendu en alleu avec le greffe pour 12.600 L. par patentes du 15 mars 1744 en faveur du sieur Nicola qui acheta puis cette jurisdiction pour une autre somme de 10.000 L. et ensuite la jurisdiction de St. Martin avec le peage pour 26.000 L. il les pretend tous les deux à juste titre; cependant, n'ayant point encore de tarif pour celui de St. Martin feodal, il n'en exige que cent livres environ et près de 400 pour celui de Bard. Le Conseil des Commis, sur le rapport que j'y fis des titres gui etablissoient ces deux peages distincts, offrit par sa deliberation du 15 juin 1776 L. 300 annuelles pour le premier, afin de prouver plus aisement l'utilité du fief, à condition qu'il eteindroit l'autre allodial pour 7.500 L. mais le comte de Bard fils, après l'avoir demandé, s'y refusa de meme que son pere. Il n'y en a jamais eu de separé à Donas gui faisoit portion de l'ancien mandement de Bard. Ces terres ne sont eloignées que d'un quart d'heure les unes des autres et il est etrange d'etre ainsi arreté à chaque pas. Comme tout le commerce de cette province se fait avec Yvrée, on a consideré comme une charge de ce païs les peages d'ici à cette ville. Il poursuit à cet effet conjointement avec elle un procès en Chambre pour l'excessif peage de Bourfranc; les registres du Conseil des Commis font aussi mention de plusieurs recours contre ceux de Careme, de Setto Vitton, de Monthayt et d'Yvrée meme. Ces peages, gui sont de veritables impots sur les peuples, ont tous les vices qu'une bonne administrations doit eviter: ils ne rendent pas à celui gui en a le droit un tiers, un quart et souvent moins de ce qu'on leve sur le public; ils sont remplis d'exemptions ou de personnes ou de marchandises d'un tel endroit ou d'un autre; ils sont sujets à mille querelles et contraventions et obligent des faineans à se tenir sur la route pour ainsi dire le pistolet à la main. Qu'on en juge par le peage de Monjovet que le Roi a eu la bonté d'eteindre: le fermier s'est ruiné quoiqu'il ne paya que L. 280 aux Royales Finances parce que, m'a t il dit, sa recette n'alloit depuis le passage des bleds pour la Suisse qu'à L. 900 environ. Ces 600 L. ne suffisoient pas pour son entretien et celui d'un invalide dans une chaumiere sur la route et malgré cet appui il avoit des querelles et contestations chaque huit jours. Ainsi rien ne seroit plus avantageux au public, surtout à celui de cette province gui est obligé de tirer les genres de premiere necessité comme partie

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