46 ].-G. Rivolin contrôle direct des territoires valdôtains les plus riches et des clés stratégiques de la région. 7 La prééminence sur les seigneurs hauts justiciers se réalisa à son tour par l'obtention progressive de fidélités liges de leur part 8 et par leur formalisation dans les cérémonies qui constituaient les Audiences générales. Deux aspects de ces assises solennelles nous intéressent ici: les procès concernant les pairs, au cours desquels les seigneurs locaux avaient la possibilité de se contrôler réciproquement, attribuant à l'autorité comtale un rôle d'arbitrage; et la redditio castrorum, qui mettait temporairement les possesseurs des châteaux - autrement dit les rivaux potentiels du comte au niveau militaire et juridictionnel - à la merci du suzerain. Les condamnations, relativement fréquentes, de seigneurs hauts justiciers lors des Audiences et les résistances vis-à-vis de la consigne des châteaux démontrent bien qu'il ne s'agissait pas de formalités anodines, et que les comtes de Savoie n'y allaient pas de main morte. 9 La mise en place d'un système de contrôle du territoire fondé sur l'amovibilité des fonctionnaires, entreprise dans les domaines du 7 Cf. en particulier: Inventaire des documents relatifs à la Vallée d'Aoste conservés aux Archives d'Etat de Turin, section de Cour, édité par L. CoLLIARD dans «Archivum Augustanum» V, Aoste 1972, pp. 207-521, passim; J.-B. DE TILLIER, Historique de la Vallée d'Aoste, Aoste 1966, passim; ID., Nobiliaire du Duché d'Aoste, Aoste 1970, passim; L. VACCARONE, Scritti sui Challant, Aoste 1967, passim. B Alors que la reconnaissance du prestige découlant de la fonction du comte, comme détenteur de pouvoirs publics et dans ses manifestations protocolaires et sacralisées, n'a jamais été mis en cause, son rôle de supérieur féodal ne semble pas avoir rencontré la faveur générale: à travers les souvenirs confus de «rébellions» et de familles «aneanties par les comtes de Savoye dans les commencements que la Vallée d'Aôste s'est soumise a leur obeissance» u.-B. DE TILLIER, Historique cit., p. 208), on devine des phénomènes de résistance, qui, s'ajoutant aux fréquentes discordes qui divisaient la noblesse, devaient passablement destabiliser le cadre politique local. D'ailleurs, le plus ancien document conservé, qui prouve la reconnaissance du comte de Savoie comme «senior» féodal de l'ensemble de la noblesse valdôtaine, ne remonte qu'à 1287 (Inventaire ... , cit., pp. 217-222): auparavant, nous avons plusieurs reconnaissances partielles, concernant notamment la vicomté d'Aoste et les seigneuries inféodées aux Challant; mais aussi des cas spectaculaires d'insoumission, de la part de seigneurs de l'importance des D'Avise ou des Bard. u.-B. DE TILLIER, Historique .. . et Nobiliaire ... cit., passim). Là aussi, nous assistons à une progression lente, au détriment des seigneurs locaux, du pouvoir du comte. 9 Cf. à ce propos les actes des causes civiles et pénales des Audiences générales de 1337 et de 1351 publiés par A. LANGE, Le udienze dei conti e duchi di Savoia nella Valle d'Aosta, Paris/Torino, 1956.
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