Les franchises du Mandement de Brissogne 47 comte de Savoie à partir du règne d'Amédée IV (1232/33 -1235), trouva son application en Vallée d'Aoste à l'époque des comtes Pierre II (1263/1268) et Philippe Jcr (1268/1285), par l'institution d'un bailli siégeant à Aoste, dont dépendaient à l'origine les châtellenies de Bard et de Châtelargent et la mistralerie de Valdigne. L'élargissement progressif du domaine direct, la conséquente création de nouvelles châtellenies, l'élimination du principal concurrent du bailli, le vicomte d'Aoste, par le rachat de la part du comte, en 1295, des droits de la vicomté, ainsi que le développement graduel d'une bureaucratie «centrale» (formée du bailli, du vibailli, des châtelains, vicechâtelains, greffiers, mandiers etc.), augmenta considérablement la présence et le poids de l'administration comtale dans la région. Dernier aspect de cette pénétration capillaire du suzerain dans les mailles de la société valdôtaine du Moyen Age, les chartes de franchises assuraient une liaison directe entre le souverain et les classes émergentes des centres ruraux et urbains de ses domaines. Bien que sollicité par les collectivités locales, l'octroi des franchises de la part du suzerain visait donc à affermir une position d'autorité et se plaçait dans une perspective de planification territoriale, avec une attention toute particulière aux exigences d'ordre stratégique ou économique. 10 Les franchises comtales s'inscrivaient, en somme, dans un dessein de pouvoir. Par contre, sauf quelques exceptions dont nous aurons à nous occuper, 11 les chartes concédées par les dynastes locaux semblent constituer, pour la plupart, autant de fléchissements de la classe seigneuriale sous la pression d' universitates villageoises assez fortes pour soutenir leurs revendications en ce qui concerne la fixation des coutumes et le refus de se soumettre à des perceptions arbitraires. L'affaiblissement du pouvoir seigneurial fut évidemment parallèle à 10 La fondation, par la charte de 1273, du bourg de Villeneuve est exemplaire à cet égard: la nouvelle agglomération fut créée à un endroit capital du point de vue stratégico-militaire, à proximité de l'importante forteresse de Châtel-Argent et de l'un des rares ponts qui à l'époque traversaient la Doire; sa fonction économique est explicitée par le contenu des franchises octroyées, qui en grande partie concernent le marché et la discipline du commerce (Cf. D. DAUDRY, Le bourg de Villeneuve et ses franchises, Aoste 1967). 11 La politique d'octroi de chartes de la part des sires de Quart semble plutôt dictée par des soucis de rationalisation. Cf. la conclusion du paragraphe 5.
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