Bibliothèque de l'Archivum Augustanum

48 ].-G. Rivolin l'épanouissement de l'autorité du comte: mais les causes n'en étaient pas purement politiques. Des raisons économiques intervinrent aussi, qui mériteraient d'être étudiées. Souvent la prétention du seigneur d'imposer des tailles arbitraires à ses sujets était dictée par de pressantes nécessités financières: si cette démarche suscitait la réaction populaire - et le cas devait être fréquent - le seigneur ne pouvait qu'accepter de traiter avec ses sujets et leur «vendre» des libertés contre une somme una tantum ou contre la promesse de versements périodiques et constants. La gêne financière des seigneurs est parfois clairement explicitée dans les chartes de franchises 12 et le comte lui-même, par moments, n'y échappait pas: les chartes octroyées ou confirmées par Amédée VII à ses sujets immédiaux d'Aoste, de Cly, d'Etroubles, de Gignod et de Valdigne au mois de juillet 1391, par exemple, font état d'un urgent besoin d'argent, en vue du financement d'une campagne contre les Valaisans, prévue pour l'automne de la même année.13 Malgré ces moments de défaillance, l'autorité du comte (puis, à partir de 1416, du duc) est en progression constante, comme nous l'avons dit, jusqu'au milieu du XVe siècle, en Vallée d'Aoste comme dans les autres territoires qui relèvent de sa suzeraineté; alors que le pouvoir des seigneurs locaux est en baisse progressive. Leur perte d'autorité se réalise en deux directions: par le haut, au profit du suzerain; et par le bas, au profit de communautés entreprenantes et, plus encore, d'une aristocratie paysanne ou bourgeoise qui monopolise les activités économiques les plus rentables, les fonctions et les professions liées à l'administration des seigneuries et à l'exercice de la justice et du culte religieux. Cette aristocratie roturière, redevable de sa montée sociale et économique aux affranchissements du prince et des seigneurs locaux, 12 Cf. les franchises octroyées par les seigneurs Boniface Ier et Godefroy Ier de Challant à leurs sujets de la seigneurie de Cly: «Cum nobiles viri Bonifacius et Gottofredus fratres condomini de Cly essent oppressi solvere debitoribus et vehementer aggravati, cum eorum debita crescerent in episcopatu Augustae vel extra sub usuris ... » (J.-B. DE ÎILLIER -M.C. DAvrso, M.A. BENEDETTO, op. cit., p. 34). 13 Le Livre Rouge de la Cité d'Aoste, édité par M.A. LETEY VENTILATrcr, Turin 1956, p. 12; J.-B. DE ÎILLIER, Le franchigie della città di Aosta (1727) a cura di E. GARRONE, Aoste 1985, p. 107;}.-B. DE ÎILLIER - M.C. DAvrso, M.A. BENEDETTO, op. cit., pp. 47, 111, 114, 116, 119; F. CoGNASSO, I Savoia, s.l. 1971, p. 188.

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