52 ].-G. Rivolin face à de nouvelles situations et à régler de nouveaux rapports; et à côté des chartes de franchises proprement dites, il faut tenir compte d'une foule de documents contenant des privilèges, des inféodations, des reconnaissances fixant la coutume ou la modifiant, que la conscience juridique médiévale classait tout naturellement dans la même catégorie qu'elles en ce qu'ils les corrigeaient, les modifiaient, les interprétaient ou les intégraient. Ces modifications intervenaient souvent au cas de changement de dynastie, d'où l'empressement des communiers à se faire reconnaître les anciens privilèges et libertés de la part de leurs nouveaux seigneurs. Plus rarement on assiste à de véritables «révolutions normatives», comme celle qu'effectuèrent les frères Pierre II et Godefroy II de Challant, coseigneurs de Cly, à l'égard des franchises octroyées par leurs prédécesseurs. En 1304 les frères Boniface l°' et Godefroy le' de Challant, respectivement grand-oncle et grand-père des précédents, qui traversaient une période de sérieuse difficultés financières, 20 avaient concédé à leurs sujets des libertés très étendues, prévoyant notamment un droit de regard sur l'administration des revenus de la seigneurie et sur le «ius belli et pacis» des seigneurs. Cette situation, acceptée bon gré mal gré par les fils de Boniface !<', Boniface II et Pierre !<' (qui avaient prêté le serment d'observer la charte au moment de son octroi ou peu après), fut remise en cause par ses petits-fils, Godefroy II et Pierre II justement, qui ne s'étaient vraisemblablement pas obligés personnellement à la maintenir. Des conflits qu'on devine assez violents («lites quaestiones discordiae dissentiones et odia») se déclenchèrent entre ces deux seigneurs et les communautés sujettes; conflits qui aboutirent, le 18 février 1341, à l'établissement d'une nouvelle charte, moins «libérale», annulant explicitis verbis toute concession antérieure.21 Les quelques observations d'ordre général que nous venons de soumettre à nos lecteurs ne font qu'évoquer des problématiques de vaste envergure, dont l'approfondissement demanderait au préalable le repérage de toutes les sources (chartes et confirmations) relatives à l'octroi de franchises dans notre région et leur publication. 22 20 Cf. note 12. 2 1 ].-B. DE TILLIER - M.C. DAv1so, M.A. BENEDETTO, op. cit., pp. 34-37 et 79-87; O. ZANOLLI, Les testaments des seigneurs de Challant, t. I (Bibliothèque de I'Archivum Augustanum III), Aoste 1974, tables généalogiques, III, seigneurs de Cly et de Nernier. 22 L'idée de la publication de l'ensemble des franchises valdôtaines fut lancée, il
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