Les franchises du Mandement de Brissogne 59 ble hors de question. Le rédacteur de l'acte indique en effet ce toponyme comme l'un des «lieux» mentionnés nommément, alors qu'il précise bien, lorsqu'il s'agit la communauté de Pollein tout entière, qu'ils' agit de la «paroisse de Saint-Georges». Il est possible qu'il soit question du village de Chevroz, tout près de Saint-Marcel: mais c'est une possibilité qui pose des problèmes au niveau de l'extension du mandement de Brissogne vers l'orient, car en principe les territoires à l'est de Prarayé appartenaient alors à la seigneurie de Fénis et étaient du ressort des seigneurs de Challant, ainsi qu'il appert du testament d'Ebal de Challant du 23 mai 1323.33 Si le village en question était effectivement Chevroz de Saint-Marcel, il faudrait conclure à l' existence d'une enclave de la juridiction de Brissogne dans le territoire de la seigneurie voisine; enclave qui aurait pu se former au cours ou à la suite des contrastes qui avaient opposé les seigneurs de Quart aux Challant au siècle précédent. Nous ne connaissons pas les causes de ces conflits, mais il est fort possible qu'on doive les rechercher dans les rapports de voisinage que les deux familles entretenaient dans la zone qui nous intéresse. En 1255, en effet, la guerre avait éclaté entre Jacques de Quart et le vicomte Aymon III de Challant, qui faisait sa résidence ordinaire à Fénis:34 «Aimone ebbe la peggio. Il sire di Quart, vincitore in parecchi scontri, danneggià le terre del vinto, atterrà le sue torri, distrusse i suai baluardi e non si sarebbe contentato di queste gesta se Tommaso II, reggente gli Stati a nome del nipote conte Bonifacio, non fosse accorso a frenare le ire di Giacomo ed imporre la pace».35 Un nouveau conflit avait opposé en 1293 Jacques de Quart à Ebal de Challant, qui avait hérité le château et la juridiction de Fénis de son oncle Aymon Ill.36 En plus des villages cités, cette charte concerne l'ensemble de la paroisse de Pollein, qui est, en 1325, une acquisition toute récente pour les sires de Quart: le 29 septembre de l'an 1318, en effet, la juridiction sur Pollein était encore inféodée à Godefroy de Nus, qui 33 O. ZANOLLI, Les testaments des seigneurs de Challant, tome Ier (B.A.A. III), Aoste 1974, pp. 15-16; E.E. GERBORE, op. cit., p. 26. 34 ]. BosoN, Le château de Pénis, Novara 1953, p. 7. 35 T. ÎIBALDI, La regione d'Aosta attraverso i secoli, parte IIe, Torino 1902, p. 325. 36 J. BosoN, op. cit., pp. 7-8; T. TrnALDI, op. cit., p. 328; O. ZANOLLI, op. cit., tables généalogiques, t. I -Vicomtes, premiers seigneurs de Challant.
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