Bibliothèque de l'Archivum Augustanum

Les franchises du Mandement de Brissogne 67 dus à rachat trouve dans ce contrat y est explicitement évoqué: l'acquisition de bien fonciers à des conditions avantageuses, si le débiteur ne peut pas les racheter; ou au moins la jouissance gratuite des fruits de ces biens pendant le délai fixé pour le rachat, si le débiteur réussit à rembourser la dette. Un autre aspect de cette liberté de tester retient notre attention: le fait que la catégorie des prêteurs d'argent est si étroitement associée à celle des bâtards, que dans certaines chartes il est difficile de départager les normes se référant aux uns ou aux autres. Sans prétendre à des généralisations abusives, on peut supposer qu'à l'époque les bâtards étaient souvent, en même temps, des usuriers. Ne pouvant tester, les enfants illégitimes n'étaient nullement stimulés à rassembler des terres qui, à leur mort, seraient soustraites à leurs descendants pour aller augmenter le patrimoine foncier du seigneur. Si les bâtards s'enrichissaient, ils avaient donc intérêt à garder leurs richesses sous forme de biens meubles et particulièrement d'argent liquide, richesse plus «anonyme», plus facile à soustraire, le cas échéant, aux recherches des agents seigneuriaux. Au même titre que les Juifs, qui ne pouvaient posséder des biens fonciers, ils devaient alors s'orienter de préférence vers les activités fondées sur la circulation monétaire. Un document significatif, à ce propos, est constitué par les preuves testimoniales produites le 11 mai 1317 par les sires de Quart pour démontrer leurs droits de ban sur le quartier de Malconseil à Aoste. On y évoque trois échutes perçues par les seigneurs de Gignod et de la Porte d'Aoste dans la deuxième moitié du XIII° siècle: or, dans cet acte les défunts dont les biens avaient été saisis, étaient tous les trois qualifiés de «spurii et usurarii». 52 La fréquence avec laquelle l'affranchissement des hoiries des usuriers apparaît dans les chartes de libertés pose un problème de politique législative: on se demande quelles furent les raisons qui poussèrent les seigneurs à accepter de renoncer à un droit susceptible d'augmenter leurs patrimoines. Plusieurs explications sont possibles. On peut supposer que le développement des échanges ait provoqué la multiplication des transactions en argent et conséquemment le nombre des «professionnels du numéraire» qu'étaient les prêteurs d'argent, obli5 2 Le Livre Rouge de la Cité d'Aoste, pubblicato a cura di M.A. L ETEY-VENTILATICI, Torino 1956, pp. 56-61.

RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=