72 ]. -G. Rivolin justiciers combattaient entre eux se succédaient à un rythme soutenu et engageaient plus ou moins directement les communautés rurales et urbaines, qui se rangeaient diversement en faveur des uns ou des autres. 56 Il ne faut pas, non plus, sous-estimer les capacités autonomes d'initiative et de réaction des communautés elles-mêmes - et particulièrement des citoyens et bourgeois d'Aoste - à une époque où les mouvements de rébellion populaires n'étaient ni rares, ni bien éloignées de chez nous. Les Communes haut-valaisannes étaient en agitation perpétuelle, participaient activement aux sanglantes luttes entre les magnats de la région et acquéraient une expérience politicomilitaire qui leur permettrait de liquider les grands féodaux dès le milieu du XVèmc siècle.57 Dans le Biellais et le Canavais, depuis la rébellion prônée par Fra Dolcino dans les années 1306/1307 et jusqu'aux agissements des Tuchins, vers la fin du même siècle, se situe toute une série de mouvements populaires, liés aux contrastes qui opposaient entre eux les comtes de Savoie, les Visconti, les marquis de Montferrat, les évêques et les seigneurs locaux, et aboutissaient normalement à des dédirions volontaires des communautés concernées au plus fort des concurrents.58 Le danger de voir les communiers valdôtains se transformer en ligueurs rebelles à leur seigneur devait être réel, si on ne jugeait pas inutile de préciser, dans les chartes de franchises, qu'il était défendu de former des «coniurationes» contre les seigneurs, de se rebeller à eux ou de les empoisonner; et si, d'autre part, les sujets se réservaient parfois la faculté, en cas de non-observance des franchises de la part des seigneurs, de prêter leur serment de fidélité à des sires plus respectueux des engagements pris, il faut conclure que la concurrence entre seigneurs finissait par favoriser, à long terme, leurs sujets les plus entreprenants.59 Les rébel56 Ibidem, pp. 322-330 et 337-341. 5 7 A. DoNNET, L. BLONDEL, Châteaux du Valais, Olten 1963, pp. 20-25. 58 L. CIBRARIO , Origine e progressi delle istituzioni della Monarchia di Savoia sino alla costituzione del Regno d'Italia, Firenze 1869, passim; F. CoGNASSO, I Savoia, s.l. 1971, capp. XVI-XXI; M. RuGGIERO, Storia del Piemonte, Torino 1979, pp. 172-175 et 194; A.M. NADA PATRONE, Il Medioevo in Piemonte, Torino 1986, pp. 71-75. 59 Cf. les franchises de la Vallaise de 1322, publiées J.-C. PERRIN, Franchises, statuts et ordonnances des seigneurs de Vallaise et d'Amad, Aoste 1968, pp. 23 et 46. Nous rappelons que, dans cette zone, les intérêts des seigneurs de Vallaise se heurtaient avec ceux des seigneurs de Challant (dans la zone de Gressoney-Issime) et de Pont-SaintMartin et des comtes de Savoie (dans la Vallaise proprement dite et à Arnad).
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