Bibliotheque de l Archivum Augustanim - 01/10/2010

98 Claudine Remacle Enchasaz de Saint-Marcel (abattages entre 1452/53 et 1455/56). Les sondages mon– trent aussi que les mélèzes ont très souvent une même provenance écologique ; ils ont donc grandi dans le même secteur forestier, à l'exception des greniers du fonds d'Oyace. Les 6 échantillons du grenier de Vignil de Quart montrent que, dans cer– tains cas, on a mis en œuvre des pièces provenant d'arbres jeunes de 43 à 89 ans. Très fréquemment les prélèvements montrent une suite d'abattages qui s'étend souvent sur deux hivers ou de deux à quatre ans 339 • D'après les millésimes inscrits sur les pou– tres, dans deux cas, il semble qu'aucune longue période de séchage ne soit prévue. En effet, le mélèze est un bois très nerveux, qui se tord et se fend au séchage s'il n'est pas choisi sur pied par des experts. La qualité des travaux d'équarrissage et de sciage té– moigne d'une grande connaissance des propriétés du bois quant à son retrait et à son gauchissement. Il arrive aussi que les charpentiers ont démonté et remonté certains greniers en utilisant des remplois provenant de structures antérieures. Les analyses du petit grenier à poteaux corniers de Coveyrand à Rhêmes-Saint-Georges le montrent, car les abattages sont étalés de 1291 à 1560, en passant par 1470 et 1474. 20.4 LES CARACTËRISTIQUES ARCHITECTURALES DES GRENIERS Comparés aux travaux sommaires que présente souvent le bâti rural tradition– nel en Vallée d'Aoste, les greniers en mélèze surprennent. Ils sont le plus souvent montés en planches épaisses dressées à la hache à l'intérieur, mais sciées et rabotées à l'extérieur, encastrées aux angles par assemblages à doubles battées et ils sont, au surplus, chevillés 340 • Les chevilles unissent les pièces entre elles à leurs extrémités, de chaque côté des baies de portes et au niveau des frontons. Les assemblages aux angles des parois extérieures sont précis et rendent la structure parfaitement hermétique et autoportante, telle une grande armoire. Une caractéristique commune avec le mobi– lier intérieur des maisons est le peu de soin appliqué aux surfaces non visibles, mais aussi le statut de "meubles" que le grenier en bois possédait juridiquement jusqu'en 1588 341 • Comme les crédences et les armoires, les greniers sont réalisés pour être ad– mirés de l'extérieur, à l'exception des greniers des Tétons et Minchet à Lillianes, qui présentent, comme en zone walser, les dosses non travaillées en façades. Au xve siè– cle, la surélévation de la structure sur des plots fuselés, couverts de fortes semelles de mélèze - un demi tronc d'arbre - n'est pas généralisée. Ce vide est utile pour ventiler l'intérieur du grenier et pour écarter les rongeurs, incapables, dit-on, de franchir un si 339 Il faut savoir que, pour réduire les coûts, seules 6 pièces sont analysées pour chaque grenier. 340 Il s'agit de techniques hautement développées aux XIII• et XIV' siècles, identifiées grâce à des chantiers d'archéologie médiévale en Suisse. DESCŒUDRES G. Herrenhauser aus Holz. Eine mittelalterliche Wohnbaugruppe in der lnnerschweiz, Basel2007, p. 21-22. 341 Voir les Coustumes du Duché d'Aouste avec les uz et stils du pais, Chambéry [1588], nouvelle édition, Aoste 1988, à l'article VIII, titre XVI du livre V, Des meubles et des immeubles.

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