Bibliotheque de l Archivum Augustanim - 01/10/2010
104 Claudine Remacle experts et non pas par les paysans eux-mêmes. Cela est absolument certain, quoiqu'en pensent les défenseurs de l'idée que l'architecture vernaculaire est construite pour rien, sans moyens financiers, ni contacts culturels extérieurs. D'où ces charpentiers tenaient-ils leurs savoir-faire? D'où venaient-ils? La finition des détails montre bien qu'ils avaient les mêmes notions de forme et de style que celles qui étaient appliquées lors de la construction des grands bâtiments civils. Le travail du bois se transmet par l'apprentissage. Etait-ce donc des migrants saisonniers dans une Europe où la circulation des gens, des techniques et des idées constituait un réseau serré de liens passant les cols et irradiant les Alpes tout comme les villes situées en plaine? Avaient-ils été formés dans leur famille ou sur les grands chantiers de la fin du xrvc siècle qui comprenaient, à côté de la réfection des che– mins de rondes, des plafonds, des toitures et des remparts, la construction de greniers seigneuriaux ? À la fin du Moyen-âge, Les structures en bois occupaient une large place dans les châteaux et les maîtres maçons et charpentiers étaient des personnages importants 363 • Ces chantiers ont brassé, sans nul doute, un grand nombre d'artisans provenant de tous les horizons et ont certainement joué le rôle de plaque tournante dans la transmission et l'apprentissage des métiers du bois. Cela a certainement été le cas de la reconstruction du château de Cly en 1376 et au début du XV< siècle, celui de Bard- en plusieurs campagnes- de 1374 à 1402 364 , ceux de la seigneurie de Quart de 1377 à 1380 365 , ou bien ceux de Pénis et d'Aymavilles de 1393 à 1396. On y trouve des carpentores provenant d'ailleurs, mais beaucoup dont les noms fran– coprovençaux évoquent un lieu d'origine, pas toujours très précis, en Vallée d'Aoste : par exemple, Antonio Clerici et jean du BoiSJI%, Domenico de Villamortd1 67 , Giovanni Perronini et Giovanni de Ciresid1 68 , Aymonetto Perreti de Brusono3 69 , ]ohanni de Cresto de A/bardo de Donnas, ]orio dou "1&/eym. La facture des greniers du XV< siècle, conservés dans la région, montre qu'il existe probablement une relation entre les charpentiers et les forgerons qui ont œuvré à cette époque pour les seigneurs et ceux, moins importants, qui ont travaillé plus tard dans les villages, mais c'est une recherche à poursuivre... 363 ÜRLANDONI B. Costruttori di castelli.. . cit., p. 165. 364 ÜRLANDONI B. Costruttori di castelli.. . dt. 365 Transcriptions des Comptes des Châtellenies de Quart 1378-1382}. Ça er là, plusieurs char– pentiers apparaissent, comme Girardo Bergoignion de Villa Francha et aussi qudques ferronniers, comme Bertrando, fobro, habitatori Auguste, qui fournit la serrure du grenier de Valpelline ou encore ]ohanni Rosseti, fobro habitatoriAuguste, qui s'occupe de la clé et de la serrure du grenier de Cerisey à Bosses. Textes fournis pas Anselme Pession. 366 ÜRLANDONI B. Costruttori di castelli.. . dt., p.33. Probablement de Champorcher. 367 ÜRLANDONI B. Ibidem, p. 32 et p.l30. Probablement de Quart. 36S ÜRLANDONI B. Ibidem, p. 32. Probablement de Pénis. 369 ÜRLANDONI B. Ibidem, p.l44-158. 37° ÜRLANDONI B. Ibidem, p.l69.
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