Bibliotheque de l Archivum Augustanim - 01/10/2010

92 CLAUDINE REMACLE 20. QUI A BÂTI LES GRENIERS VALDÙTAINS AU xvc SIÈCLE? Depuis plus de vingt cinq ans, le Service du catalogue et des biens architectu– raux de la Surintendance des activités et des biens culturels de I'Assessorat de l'édu– cation et de la culture poursuit un inventaire systématique des constructions rurales dans les villages de la Vallée d'Aoste. Dès l'étude de la première commune en 1983 313 , Ollomont, quelques petites constructions en bois ont attiré l'attention. Malgré leur aspect souvent dégradé, ces petits bâtiments servant dans le passé d'entrepôts, sou– vent reconvertis en maisonnettes pour touristes ou en fenils, possèdent des détails marqués, à l'origine, par leur caractère ostentatoire. 20.1 Qu'EST-CE QU'UN GRENIER? Les greniers en bois, qualifiés d'"isolés" ou de "séparés" 314 dans les textes spécia– lisés français, sont des dépendances de la maison, bien différentes des raccards 315 ; ils sont nettement plus peti~ 16 et soit de plan carré : 3 x 3 rn, 3,5 x 3,5 rn; 4 x 4 rn, 5 x 5 rn, soit rectangulaire. Les modules sont alors doubles, voire triples. Ils sont compar– timentés en plan en deux, trois cellules, parfois davantage. Le type le plus récurrent ne comprend qu'une pièce sur deux niveaux en bois, mais il est bâti sur un soubasse– ment en pierre. On appelle ces structures, en madriers ou en planches très épaisses, grant à Arvier et grené à Valtournenche, estvube à Perloz. On pense que leur succès est dû à la hantise des incendies, puisque le grenier permettait de conserver les biens les plus précieux à l'écart du feu, tout en luttant efficacement contre les moisissures et, s'il était surélevé sur des "pieds", contre les rongeurs. Tout comme en Valais 317 , le grenier valdôtain avait plusieurs fonctions. Il était en général bâti sur une cave ou un cellier à vin en maçonnerie. Dans la construction en bois, on entreposait dans des sacs de toiles et de peau, en premier lieu, les semences, les graines destinées aux semailles, précieuses et intouchables jusqu'au mois d'octobre ou 313 REMAcLE C. L'évolution tk l'habitat rural dans !A commune d'Ollomont en ~l d'Aoste, in LeMonde alpin et rhodanien, Grenoble 1987, p. 144 ; Architecture rurale. Analyse tk l'évolution en ~liée d'Aoste, Roma 1986, p. 20. 314 Dans le récent Dictionnaire des Alpes, Chantal Somma utilisé le mot "séparé", mais, aupa– ravant, Jean Robert et Henri Raulin avaient préféré le terme "isolé". 31 5 REMACI..E C. Grenier ou raccard ? in Nouvelles du centre d'Etudes Francoprovençales René Willien, n.58, Saint-Nicolas 2008, p. 75-81. 316 REMACLE C. L'habitat rural d'autrefois, in GERBORE E. E. (Dir.), Pénis, une communauté au fil tk l'histoire, Quart 2000, p. 401-402. 317 DUBUIS P. Une économie alpine à !A Fin du Moyen Age, Orsières, l'Entremont et les régions voisines 1250-1500, in Cahiers tk ~llesia, Sion 1990, p. 187, p. 240; GYR W. Le ~l d'Anniviers. Vie traditionnelle et culture matérielle basées surie patois tk Saint-Luc, Base! et Tübingen 1994, p. 161-164.