Bibliotheque de l Archivum Augustanim - 01/05/1985

Etudes d'Histoire Valdôtaine 49 J'ajouterai seulement quelques petites réflexions: 1. Cette[s] expres– sion[s): Dieu veut sauver tous les hommes autant qu'il dépend de lui, ne vous paroissent-elles pas injurieuses à la toute puissance de Dieu? Est-ce que l'homme pourra empêcher que la volonté de Dieu ne s'exécute? Si Deus, dit Sr-Augustin, in coelo et in terra quodcumque voluit fecit, profecto {acere noluit, quodcumque non fecit. 2. Vous dites: Deus impossibilia non jubet: mais quel précepte a-t-il donné aux enfants nouvellement nés, qui n'ont encore aucun usage de la raison? Et pour les infidèles négatifs, ils ne seront pas certainement damnés pour n'avoir pas cru à l'Evangile, qu'illeur étoit impossible d'entendre, mais pour le péché originel et pour les autres péchés actuels. 3. La doctrine de St~ Augustin qui est véritablement celle de l'Eglise, ne peut inspirer qu'une profonde humilité, et exciter i la prière. La doctrine des Molinistes ne peut au contraire qu'inspirer de l'orgueil, et refroidir la prière. Car que demandons-nous à Dieu dans la prière, si non le secours nécessaire pour faire notre salut? Et que demande-t-il à Dieu celui, qui est persuadé d'avoir toujours présent ce secours? De plus les SS. Pères disent: In nullo gloriandum, quando nostrum nihil est: atque quando Deus coronat merita nostra, non coronat nisi dona sua. Au con traire le Moliniste qui a fait bon usage de sa grâce suffisante, ne croit-il pas avoir droit de se glorier d'avoir, par son libre arbitre, fait bon usage d'un don, dont les autres ont abusé? Mais il est temps désormais de finir.Je vous prie, après tout, d'être bien persuadé qu'on peut être bon catholique sans être Moliniste. C'est pour– quoi modérez vos craintes à l'égard du clerc Colliard, qui demeure chez moi. Car j'aime trop ce Monsieur, pour ne pas empêcher, autant que je puis, qu'il ne soit infecté des erreurs des Molinistes. J'avois oublié de remarquer, que tous les bons théologiens regardent le Molinisme, sinon comme hérésie, du moins comme une erreur très-dan– gereuse et contraire, en des choses de grande conséquence, à la doctrine de Sr-Augustin, qui est celle de l'Eglise; mais je n'ai jamais vu aucun auteur, qui ait osé avant vous l'éléver jusqu'à un article de foi. J'approuve pourtant de tout mon coeur les dernières paroles de votre écrit: je pense qu'il est beaucoup plus expédient de travailler à correspondre à la grâce par nos moeurs, que de disputer, etc. Agréez, Monsieur, mes respectueux sentiments, avec lesquels j'ai !'– honneur d'être, Monsieur le Curé Votre très humble et très obéissant serviteur etc.

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