BIBLIOTHEQUE DE L' ARCHIVUM AUGUSTANUM Volumes parus: I - ].-C. PERRIN, Inventaire des Archives des Challant, tome Ier. II - ]. REBOTTON, Etudes Maistriennes. III - O. ZANOLLI, Les testaments des seigneurs de Challant, tome le'. IV - ].-C. PERRIN, Inventaire des Archives des Challant, tome II. V - O. ZANOLLI, Cartulaire de Saint-Ours (XV< siècle) . VI - ].-C. PERRIN, Inventaire des Archives des Challant, tome III. VII - F. CHABOD, Ecrits d'Histoire. VIII - ].-C. PERRIN, Inventaire des Archives des Challant, tome IV (avec l'index alphabétique). IX - O. ZANOLLI, Les testaments des seigneurs de Challant, tome II. X - O. ZANOLLI - L. CoLLIARD, Les Obituaires d'Aoste. XI -E. GERBORE, Il territorio di Fénis e della Rivière ne! Bassa Medioevo. XII -F. ÜRSIÈRES, Ecrits pédagogiques, religieux et politiques par les soins de L. CoLLIARD . XIII - Sources et documents d'histoire valdôtaine, tome le'. XIV - Sources et documents d'histoire valdôtaine, tome II. XV - Sources et documents d'histoire valdôtaine, tome III. XVI - L. CoLLIARD, Etudes d'histoire valdôtaine (Ecrits choisis). XVII - Sources et documents d'histoire valdôtaine, tome IV. XVIII - O. ZANOLLI, Inventaire des Archives des Vallaise, tome !<'. XIX - M. CosTA, Les incunables et les impressions du XVI' siècle des Archives Historiques de la Ville d'Aoste. XX - Sources et documents d'histoire valdôtaine, tome V.
BIBLIOTHEQUE DE L'ARCHIVUM AUGUSTANUM COLLECTION DE SOURCES HISTORIQUES VALDOTAINES PUBLIEES PAR LES SOINS DES ARCHIVES HISTORIQUES REGIONALES SOUS LA DIRECTION DE L. COLLIARD XX SOURCES ET DOCUMENTS D'HISTOIRE VALDOTAINE TOME CINQUIÈME AOSTE 1987
Tous droits réseroés. On laisse la responsabilité des différentes études aux auteurs respectifs.
MARIA COSTA UN MANUSCRIT LATIN-FRANÇAIS DU XVe SIECLE DES ARCHIVES CAPITULAIRES D'AOSTE (EX 78 A) Au cours du travail d'inventorisation des Archives Capitulaires d'Aoste, entrepris en janvier 1986, on a retrouvé un manuscrit, que l'examen des écritures dénonce avoir été rédigé au xve siècle, et qui s'est révélé d'un grand intérêt pour l'étude de la culture locale. Il s'agit d'un petit cahier de 21,5 x 15 cm., composé de 39 folios non chiffrés, que nous avons quand même jugé convenable de numéroter au crayon pour faciliter la consultation et les renvois; la reliure, en parchemin, renferme à l'intérieur un acte notarié du XIVe siècle, instrumenté par le notaire Johannodus Cordello de Prato Sancti Diderii, dont le contenu a été malheureusement mutilé par l'utilisation, inopportune, mais tout à fait usuelle à cette époque, à laquelle étaient souvent destinés les parchemins de ce genre. L'examen de notre manuscrit révèle, dès le premier abord, deux données essentielles: la présence de textes soit en langue latine, soit en langue française, et deux différentes écritures. Une analyse plus approfondie nous a permis de retrouver les noms de deux personnages, dont l'identité nous est connue, qui sembleraient avoir possédé le cahier en question et qui en seraient, vraisemblablement, les compilateurs. Il s'agit de deux représentants de la noble famille des «de Sancto Petro», 1 dont la présence en Vallée d'Aoste est attestée à partir du XI< siècle: Jean de Saint-Pierre, chanoine de la Cathédrale et curé de la paroisse de Morgex de 1434 à 1460, et son neveu Louis, lui aussi chanoine de la Cathédrale et successeur de son oncle à la cure de Morgex jusqu'en 1499.2 1 Cf. J.-B. DE TILLIER, Nobiliaire du DucÛ d'Aoste, par les soins de A. Zanotto, Aoste 1970, pp. 542-546. 2 Cf. Nobiliaire cit., pp. 543-544; P.-E. Duc, Annuaire du diocèse d'Aoste 1897, pp, 34-35.
6 M. Costa Cela dit, un problème se pose: l'écriture qui occupe la première partie du manuscrit, du fol. 1' au fol. 16", ainsi que la partie comprise entre les fol. 19v et 22v et les trois derniers folios, écriture que l'on attribuerait à Louis de Saint-Pierre, car il se nomme directement aux fol. 12', 21', 39' et 39v, présente des caractères d'archaïsme par rapport à l'autre écriture qui devrait appartenir à Jean de Saint-Pierre, dont le nom figure au fol. 3 7v. Encore plus inexplicablement, la date de 1477, placée au début du fol. 23', qui constitue la référence chronologique la plus tardive dans notre manuscrit,3 semble bien introduire la partie attribuable à Jean de Saint-Pierre, comprise entre les fol. 23' et 3 7". Ce petit rébus suggère deux solutions possibles: donnant pour sûr que la première partie soit autographe, puisque son compilateur emploie l'expression «scripta manu Ludovici de Sancto Petro»,4 on pourrait supposer que celui-ci, ayant retrouvé des pièces écrites par son oncle, les ait transcrites dans son cahier, ce qui expliquerait aussi certaines affinités entre les deux écritures, tout en admettant une évolution vers des caractères plus proches des typologies scripturaires de la fin du xve siècle; sur la base de cette hypothèse, on doit conclure que l'année 1477 indiquerait la date de transcription de la partie attribuée à Jean de Saint-Pierre. Une deuxième solution supposerait l'existence d'un copiste anonyme qui, ayant possédé le cahier de Louis de Saint-Pierre, y aurait ajouté les autres pièces justement en 1477; cette explication nous paraît toutefois moins probable, d'autant plus qu'elle ne tient pas compte des analogies entre les deux types d'écriture. Quant à son contenu, ce manuscrit constitue un véritable zibaldone, au point de vue linguistique et littéraire. En voici le décompte: Du fol. 1' au fol. 11', quelques notes de chronologie, en latin, relatives aux divisions temporelles, au cycle solaire et lunaire, au calendrier, etc., fort probablement tirées du Micrologus de ecclesiasticis obseroationibus de Bernold de Constance (t 1100}. Du fol. 11 v au fol. 12', une pièce en français, appelée ici Querela, constituant une version incomplète et légèrement différente de La Complainte de Nostre-Dame tenant son chier filz entre ses bras, 3 Les dates de 1448, 1449 et 1452 figurent respectivement aux fol. 14r, 21vet 20v et 21'. 4 Cf. fol. 12', et infra, Pièce A, p. 12.
Un manuscrit latin-français du XVe siècle 7 descendu de la croix, éditée par A. de Montaiglon, in Recueil de poésies françaises des XVe et XVIe siècles, II, Paris 1885, pp. 118-122. (Cf. infra, Pièce A). Au fol. 12", encore des notes de chronologie, en latin. Du fol. 13' au fol. 13v, un texte en prose, concernant un épisode de la vie de l'empereur Vespasien, tiré peut-être d'un écrivain latin traduit en français ou de quelque ouvrage apologétique du Moyen Age. (Cf. infra, Pièce B). Au fol. 14', des notes éparses, en latin. Au fol. 14v, la transcription d'une lettre apostolique, datée du 23 mai 1448. Du fol. 15' au fol. 16', le Dit de don denier, proverbe en vers. (Cf. infra, Pièce C). Au fol. 16", les sept premiers vers du texte précédent et des notes éparses, en latin et en français. Du fol. 17' au fol. 19', une deuxième version du Dit de don denier, différant de la précédente dans le type d'écriture et dans l'orthographe. Au fol. 19", des notes éparses, en latin. Du fol. 20' au fol. 20", une version du Stabat Mater. Du fol. 21' au fol. 22", des notes éparses, en latin. Du fol. 23' au fol. 30", une version d'un poème français du XII< siècle, Les Quinze signes du Jugement Dernier, édité par R. Mantou in «Mémoires et Publications de la Société des Sciences, des Arts et des Lettres du Hainaut», 80c vol., Mons 1966. (Cf. infra, Pièce D). Du fol. 30v au fol. 37", une pièce en français , sous forme de débat. (Cf. infra, Pièce E). Du fol. 38' au fol. 39', un noël, en latin, composé de douze quatrains.5 Au fol. 39", l'ex-libris de Louis de Saint-Pierre. 5 Une version plus ancienne de ce noël, accompagnée de la notation musicale, figure dans les codex 11 et 13 de la Bibliothèque du Grand Séminaire d'Aoste, respectivement du fol. 83v au fol. 85' et du fol. 59' au fol. 61 v.
8 M. Costa Nous proposons ici l'édition des textes en français contenus dans notre manuscrit: leur identification a été longue et elle demeure, malheureusement, incomplète.6 En ce qui concerne les pièces en vers, nous avons contacté l'Institut de Recherche et d'Histoire des Textes de Paris, qui nous a fourni des renseignements fort précieux. 7 Ci-dessous, en synthèse, les résultats de notre recherche. La pièce A, comme nous venons de le dire, n'est qu'une version abrégée d'un poème déjà connu.8 Par rapport à l'édition Montaiglon, notre texte se distingue, outre que par de nombreuses «variantes», par de considérables lacunes: neuf quatrains, du troisième jusqu'au neuvième, ainsi que le douzième et le treizième, manquent; en plus, les strophes dixième et onzième sont interverties. Quant à son origine, ce poème serait, d'après Montaiglon, le remaniement d'une pièce plus ancienne, ce qui semble attesté par la présence de plusieurs archaïsmes. 9 La pièce C, Dit de don denier, tout en présentant certaines analogies de contenu avec De dan denier, édité en 1835 par A. Jubinal, 10 ne peut être considérée une «variante» de ce poème; il n'y a que les deux premiers vers de notre texte qui coïncident avec les vers 64 et 65 de l'édition Jubinal. Une édition critique de De dan denier, accompagnée d'un très intéressant excursus sur le thème de «l'apologie del'argent» dans la littérature classique et du Moyen Age, a été soignée par Jose Vincenzo Molle. 11 Nous renvoyons partant le lecteur à cette étude pour une comparaison avec notre texte. 6 Dans notre transcription nous avons respecté le plus possible le texte original, ne faisant recours à l'usage moderne que pour la ponctuation, les majuscules, les apostrophes et quelques accents. Nous avons jugé convenable de fournir dans les notes quelques explications linguistiques en signalant aussi, entre parenthèses, l'époque où l'emploi de certains mots est attesté. Pour ce faire, nous nous sommes servis de F. GODEFROY, Dictionnaire de l'ancienne langue française, Paris 1937-1938, et de R. GRANDSAIGNES D 'HAUTERIVE, Dictionnaire d'ancien français, Paris 1947. 7 Nous nous faisons un devoir d'exprimer ici toute notre gratitude à Madame Anne-Françoise Labie, Secrétaire de la Section Romane de l'l.R.H.T., pour son obligeance. B Ce poème est enregistré sous le n° 603 in SoNET, Répertoire d'incipit de prières en français, Genève 1956. 9 Op. cit., pp. 118-119 n. 1. 10 A. }UBINAL, Jongleurs et trouvères ... des XIIIe et XIVe siècles, Paris 1835, réimpr. Genève 1977, pp. 94-100. 11 J. V. MOLLE, «De dan Denier»: Contributo a un'edizione critica, in «Studi filologici e letterari», Genova s.d., pp. 221-255.
Un manuscrit latin-français du XVe siècle 9 La pièce D est un poème qui semble avoir connu une certaine popularité au Moyen Age: dans l'étude citée, Reine Mantou a recensé vingt-cinq manuscrits qui nous ont conservé une version de cette pièce; le nôtre serait donc le vingt-sixième. Par rapport au texte que Madame Mantou a choisi comme base de son édition critique, notre copie présente, en plus des multiples «variantes», un nombre élevé de lacunes, notamment toute la partie comprise entre les vers 222 et 272. Entre autres, les deux explicit diffèrent complètement. Quant aux copistes des vingt-cinq manuscrits jusqu'à présent connus, aucun d'eux n'est originaire d'une région proche de la Vallée d'Aoste, notamment de la Savoie ou du Valais. La pièce E enfin, constitue, à l'état actuel de nos recherches, un unicum; en fait, d'après l'enquête effectuée auprès de l'I.R.H.T., ce texte ne résulte répertorié dans aucun fichier et il n'en existe non plus de similaires. Un dernier problème se pose: par quelle voie la connaissance de ces textes aurait-elle atteint la Vallée d'Aoste? On sait très bien que, «à cause de son substrat ethnique et de l'insertion de son territoire dans l'agglomérat gallo-romain d'abord et franco-burgonde ensuite, l'évolution linguistique de la Vallée s'effectua avec un déroulement parallèle et identique à celui qui eut lieu à Lyon, Chambéry et Genève». 12 Nous savons aussi que les cours féodales accueillirent, dès le XIII° siècle, les troubadours et les jongleurs qui traversaient notre région pour se rendre au Piémont ou pour rentrer en France; il paraît que Rutebeuf aussi ait franchi le Grand-Saint-Bernard, en revenant du Canavais. 13 La langue et la culture française que les événements politiques avaient contribué à enraciner chez nous, et que les liens étroits avec les régions transalpines limitrophes vivifiaient de plus en plus, ne furent pas au Moyen Age un phénomène juxtaposé ou, pour ainsi dire, «d'importation», mais une composante fondamentale dans l'évolution linguistique et culturelle de notre Pays. 12 L. COLLIARD, La culture valdôtaine au cours des siècles, Aoste 1976, pp. 17-18. 13 F.-G. FRUTAZ, Les origines de la langue française dans la Vallée d'Aoste, Aoste 1913, p. 26.
10 M. Costa Certes les témoign~ges écrits, et littéraires surtout, sont très peu nombreux, au moins jusqu'au XV< siècle; mais cela dérive plutôt du manque de familiarité avec l'écriture et les instruments qui lui étaient propres; conséquemment, c'est à la transmission orale que l'on doit la diffusion des ouvrages les plus répandus de la littérature contemporaine. En ce sens, notre manuscrit constitue un témoignage des plus précieux; son compilateur, ou mieux ses auteurs, ne sont pas de simples copistes, car ils «transcrivent» au fil de la mémoire, recourant à leur créativité lorsque celle-là fait défaut. Nous souhaitons partant que cette édition puisse contribuer à illustrer un chapitre encore peu connu de l'histoire culturelle locale, et nous cédons la plume aux filologues pour d'ultérieures et plus profondes enquêtes.
Un manuscrit latin-français du XVe siècle PIECE A [Querela] Fol. 11" Entendés tuy pechiours et pecheriz Quan puiz mener joes, salés nez riz, Quar por tous nos az prey mort Jhesu Criz, Miz en laz [croix], 1 batuz et escopiz.2 Entendés mez, signiou, jem siz Mariaz, Lassetaz mez dolentez et mariaz,3 Jem pert mont fil, mon salez et maz viaz, Quez vez mory, laz mort non deserviaz; Lassetaz mez, quez parez devenir,4 dez siz grant duez deveiz juz bien mor[ir]. Mont fil Jhesu en laz [croix] 5 vez morrir Et dez laz lanciz eynz flan grant col fer[ir]; Fellon juir, tuz az mon fil forfex, 6 Tretrez Juzdaz, tuz a menez luz plez, Tu nez t'en puz paz escondrez duz fet, Quart ton Signiour tray por ton aguet. Pillat liz juir Barrabam I' az renduz Quez en se chatrez 7 loman (sic) temps l'az tenuz; Mon fil Jhesu en laz [croix] 8 vez penduz, Sens nullaz causaz qu'il ou sez offenduz. 1 Le mot est remplacé par un dessin. 2 Injurié (escopir, XIIe-XIIIe s.) . 3 Affligée, abattue (marir, XJe-XVe s.). 4 Deux lettres biffées entre deven et ir. 5 Cf n. 1. 6 Offensé (forfaire, XJe-XVJe s.). 7 Château fort, prison (chastre, XVe s.). B Cf n. 1. 11
12 M. Costa Byau fil, Jhesu, quez t'az blenez le viz, Tuz solez etrez pluz blan quez flour dez liz, Or ez pluz neir quez unquez nez tez viz. Dieu, tuz mez lasez monz touz, sez met az viz.9 Fol. 12' Byau fil, Jhesu, biau fil regarda mez, Ouvrez laz bochez, por Diu, az parlaz mez, Liz [cors] 10 mez part quan parler nez tez vez; Fe mez morir, mene mez az voé tez. «Vez luz siz, femaz, vez luz siz tunz enfan Quez pert son san derierez et devant. Je tez comanduz az mon amy Johan Qu'il tez sez gardaz dez sit ouraz en avant. Ami Johan, maz merez tez comandez, Por Diu tez priez quez tu la volies prendrez; Recez laz, tout nez tez puiz pliz actendrez, Liz felon juir mez voulon mener pendrez». En salaz gardaz sez seimez trestuit miz, Quez Jhesu Crix laz sinaz marez miz Et liz preon trestuit devotemant Qu'il 11 nous pardon ouz jour du jugemant. Amen. ·k .... ;': Explicit querela, Deo gratias, scripta manu Ludo/vici de Sancto Petra. / Ista 12 querela est mihi Ludovico de Sancto Petra, / quem Deus ipsum benedicat, amen, amen. 9 Tu m'abandonnes très tôt, il me semble (ce m'est vis, il m'est a vis, XJe-XVJe s. ). 10 Le mot est remplacé par un dessin. 11 Suit nos, biffé. 12 Suit une lettre biffée.
Un manuscrit latin-français du XV<siècle 13 PIECE B [Un épisode de la vie de Vespasien] [Fol. 13'] Sequitur destrucio de Jherusalem facta per / Vaspasianum imperatorem, filium de Julien/ Cesar imperatorem Romanum et tocius Allama/gnie et Lumbardie. / Après XL ans que notro Segnyour Jhesu Crist / fut mis en croys enJherusalem, Vespasien imperanz /qui fut fil deJulyen Cesar jadis imperanz /de Rome, d'Alamagnye et de tote Lumbardie, /et tenoyt en destroit la cité de Jherusalem et / les Jueyrs de Rome et ystoit segnyour de / tote paganye; et après, Vaspasien imperanz / junoyt et feysoit abstinences et feysoit / adorer les ydoles et istoyt ' le plus grant / meystre dou monde et avoit tot les biens / et les desirs et tas les pleysirs a son voloir. / Et si avait un fil noble et sages qui avait nom Titus et se tenait en tant grant puysance / en celuy tens et sy demorave encor les / ydoles qui 2 eyront mantenues par l'art dou /diable qui les fesoyt paler (sic), par les quales tot / lo puble se perdoit; mays Jhesu Crist qui avait/ suffert mort et passion por rechiter la humaynyté, /3 [Fol. 13"] 4 et por oster l'emperour et tote sa gent de celle/ errour, se tramist Deux a Vaspasien une gra[nt] / maladie que s'apelle loz chancre que tot / lo nas et lo visage et les mayns ly pluma/vet et chezoyt et les orelles et la barbe ly / ly (sic) pellavont. Adonc l'emperour et tote sa/ gent en avoyont grant dolour et firont a/ venir toz les melliours meyjos 5 qu'il puyront / 6 trover, mays rien 1 Suit te, biffé. 2 Suivent deux lettres biffées. 3 Au fond de la page, la même main a écrit, avec un encre différent: Anno Domini millesimo. / Non a vobis gaudia refera. 4 Tout le folio a été biffé. 5 Médecins (mege, miege, XIII<-XV< s.). 6 Biffé tou.
14 M. Costa no ly valoyt et se / diseront que rien no ly valaret mas que attentre la gracy 7 de Deux. / Adonc la malady sore prist tant loz 8 / corps de l'emperour que il fut tan mesel 9 que il no se pueyt sostenyr sus ses pies. / Adonc en cel tens se venet a Rome un/ disciple de Jhesu Crist qui aveit nom Clemen / et celluy disciple no osavet 10 / pregier 11 a Rome de 12 Jhesu Crist por / l'emperour. Totes feys un jor yl se / aventura de pregier et pregia de la / passion (de) Jhesu Crist devant lo pouble, si / que prou de la gent se convertit et, entre / les 13 autros, la guar qui eret senechal de l'empereour fut ou / 14 pregement et se convertit/ aJhesu Crist, et pues s'en alla a l'empereour. 7 Suit de, biffé et écrit une deuxième fois. B Suivent les mots de l'emperour, biffés. 9 Misérable. 10 Suit un mot biffé. 11 Prêcher. 12 Suit Jhesu, biffé et écrit une deuxième fois. 13 Suit autros, biffé et écrit une deuxième fois. 14 Un mot biffé.
Un manuscrit latin-français du XVe siècle PIECE C [Le dit de don denier] Fol. 15' Qui don 1 donier mena a son plait quan qu'il demande ce ly 2 est fait; Bien est fol qui a plait iraz 3 Que don donier ne porteraz: Ne poraz salvé sa quellez (sic), 4 Jaz ne sara estre si belle, S'il ne I'ameine for que riotez 5 N'an aura que pena et male notez, Car c'est le maistre de pledeier: Il n'est nul que se puessez aydié Cez don denier ne le conseille.6 Avis m'est quez c'est grant merevillez Quant ce poc de chose est 7 si sagez; Nul 8 n'est tant soyt de grant lignage Qui face aen que don denier fait. Don denier 9 eslievez le pla.. .it 10 Et ce 11 les fait tost abatrez; Don denier fait les gens combatre Et ce les fait 12 entretuer; 1 Suit cloner, biffé. 2 Suit ets, biffé. 3 Suit que don, biffé. 4 Querelle. 5 Querelle, dispute, ennui (riote, XIJe-XVfe s.). 6 Biffé ce entre con et seille. Deux mots biffés sur la ligne suivante. 7 Suivent trois lettres biffées. 8 Biffé n'est, écrit une deuxième fois. 9 Deux lettres biffées. 10 Une lettre illisible entre pla et it . 11 Deux mots biffés. 12 Suit un mot biffé. 15 1 5 10 15
16 M. Costa Don denier fait 13 moult byen durer Une cause si longement 14 Que par le grant delonguement Pert cel qui a bona reyson. Don denier en tote seyson 15 Est trop vallant et trop cortoeis; Fol. 15" Devant contes et devant roys Est don denier bien renommés; Il ne sait estrez cy frutés (sic) Que chascun ne le volle prendrez. Don denier deffant bien de pendre Celluy que ait le chavetre ou col; Don denier vault 16 ung roussignol Parfoy il vaut ung papageue.17 Il fayt chanter cez 18 clers en hault Quant ung borioys 19 est trapassés Qui mentes dinier ayt amassés: Les clers y vont chanter et <lancier Tot por l'amour de don denier. Don denier, qui bien le regarde, Est plus sutil qu'i n'est motardez; Il prent les pledeiours par la lange Et se les tient en sa commandez Et fait 20 dire 21 dou blanc qu'est 22 noer. Don denier fait rementevoir Par les villes, vaus et cobilles 13 Suit un mot biffé. 14 Suivent ces quatre mots, ensuite biffés: que par le grant. 15 Le t final a été biffé. 16 Suit vaut, biffé. 17 Perroquet (papegai, papejai, XJie-XVJe s.) . 18 Suivent trois lettres biffées. 19 Bourgeois (borjois, XII•-XIII• s.). 2 0 Suit dir, biffé. 21 Suit un mot biffé. 22 Suit une lettre biffée. 20 25 30 35 40 45
Dit de don denier: fol. 16'.
Un manuscrit latin-français du XVe siècle Et aramender vielles 23 pelices et vielles pelles; 24 Pour les armes des ces villains Fait-yl chanter 25 les chapellains. Don denier est si grant sirez Que nul ne l'ose conterdire. 26 Don denier est mestre 27 en musique,28 Parfoy ci est-il 29 en logique; Il argue les droit sor et main; 30 Onques Ypocras ne Galliain . Ne furent cy buns 31 phisisiains Come don denier est auiourd'uy; 32 Diex nous deffende tous d'anuy. Vos savés qu'il soloit estre 33 Que Jhesu Crit estoit le 34 meistre De faire les pape de Rome, Mais 35 don denier en a la somez Des faire papes et cardinaux Ces qui portant roge chapios; Don denier depart 36 les beneficez, Ausi bien 37 es sages corne es nices: 38 Des non sachant les evesqués Et de (sic) des plus foulz lez arcevesqués; Les prestres fait-il de bergiers Et de villans fait chevalliers; Par mar et partout la F[r]ancez 23 Suit pellic, ensuite biffé. 24 Manteaux. 25 Suit une lettre biffée. 26 Une lettre biffée entre ose et conterdire. 27 Suit ne, ensuite biffé. 28 Une lettre biffée entre musi et que. 29 Une lettre biffée entre est et il. 30 Soir et matin. 31 Suit fisiciens, biffé. 32 Deux lettres biffées entre au et iourd'uy. 33 Suit s, biffé. 34 Suit s, biffé. 35 Biffé don, écrit une deuxième fois. 36 Distribue (departir, XJe-XVIJe s.). 37 Suit as, biffé. 3 8 Sots. 17 50 55 60 65 70
18 M. Costa Vont-ilz portant escu et lancez Et disont que par lor grant bonté Ont tout le mondez conquité. Don denier fait les dames cointes 39 Et plus jolies et 40 plus gentes Et ausi nos donne vestimen Porquoy sommes entres les gens. Totes choses pout faure don denier, Porque 41 grant cors et petit chier Et home mort resucité Et ausi ne pot home de mort assurer Ne pucellages recovrer. Cy finit le dit de don denier. 39 Elégantes~ coquettes. 40 Biffé plus g, écrit une deuxième fois. 41 Biffé et écrit une deuxième fois. 75 80
Un manuscrit latin-français du XVe siècle PIECE D [Les signes du jugement dernier] Fol. 23' 1 Ez trestuit communemant, Que Dyu vos dont emendemant, Deus nostre sire nos reprant De sen que totis creituris chascune solon sa naturaz, Recognoys moyt son Creitour Que ne fait hons,2 c'est grant dolour. Mues bestes, oes et lions, Oessel, serpens, de mier pesson Funt sent qui devont sens trestous (?) ,3 E regracion lour Creatour. Ciel et terra, solons et luna, Ne des esteyles n'y a nulle Qui ne facet sent qu'elle doyt. Et ly hons, que fait, qui tot sent voyt? Mout est plens de grande creancze Qui n'a pidié de corrocier Nostre Sire qui l'az formeyz. Plus volontier ourient conteyr Cornent Rolant a la josteut,4 Et Oliviers ses compagnyons, Qui ne faroyent laz pensions Que Dyus sofrit et loz tormant Por loz pechié que fit Adam. 19 1 5 10 15 20 l Au début du folio, d'une encre différente, mais de la même main on lit: Anno Domini M°CCCCLXXVII, die. (sic) 2 Homme. 3 Sens douteux: peut-être trestor, trestorn (XJJe-XJIJe s.) = adresse, ruse; retard, délai. 4 Joute.
20 M. Costa Fol. 23" Helas, dolant ja marrons nos Porques simes nos ergolou; Ren est cil qui por nos bien feraz Quant ly arme 5 clou cors nos partiraz; Nostre amys nos ploririum, Sein est ly biem qui nos farum (?); Biem ha estrent nos ocions Quar dun Deus nos corroçons, Nos faczons trestuyt que dolant Mut en aurons grief jugimant Quant cestuy siegle fineraz Et Deus est beus joye donra. Ne de corben de vos mostrer Les XV signes vos dessixe Avent que remuer me querisse Conteir tote la veritez; Vous vindra, Signior, agrez Ha ore la fin de cest monde Et que totis choses fin aront? N'a sor Io ciel home si felon Se enver Deus n'a s'entention, Se (?) on pety me fay parleir Qui ne Io convient plorés, Quar quant cest sigle fineraz Nostre Sires signes feraz. Ce nos reconte Jeronyme, Zorobabel et Ysaye, De Babiloyne Danyel Et se l'afermat Ezechiel; Fol. 24' Amon, Nason et Moysés, Ly autres prophetes tuyt après. On po devant loz juremant 5 Ame. 25 30 35 40 45 50 55
Un manuscrit latin-français du XVe siècle Ou ly fellon saront dolant, Monstrera Dius sa puysance Et sira de saz maiestez. Qui voudraz oyr la merevilliez A cui nulle ne s'aparelliez, Droyceyt son cuer, se me guerdeis, Je ly diray ja de quel part Vindra ly grant messaventure Qui passera tote dreyture.6 Or escutez de la jornee Qui doyt estre redotee: Dou ciel chera 7 plonge sanglante, Ne cudier 8 pax que je vos mente; Tate terre en yrt coloree, Mout y aura aspra jornee. Ly anfant qui nez ne saront De dans les ventres crieront Ha aute voys mout cleremant: «Marcy, biaus Rays omnipotant, Sire, ja ne vollissons naystre, Fol. 24v Nos amessans mious rien estre Que nasquisons por voyr cel jor, Que tote rien soffreyr dolour». Ly anfancz crieront ensi Et tuyt diront: «Jhesu marcy». Ly prumier signes yrt droytaus, Mes ly secons sara plis maus, Quar (dou) ciel cherrant les esteyles: Ce yert une grant merevilliez Et dessendront sitost sus terre, Come ly faudra qui desserret; Non yert nulle si bienXfichiee)~. 6 Règle (droiture, XJie-XVJe s.). 7 Tombera. 8 Ne pensez pas (cuidier, XJe.XVJe s.). 21 60 65 70 75 80 85
22 M. Costa Qui cel jor dou ciel ne chief; Parsus 9 cest mont yront corant Come gen larmes espandant Et porquant 10 mot ne diront, Jusque en abisme dessendront; Perdu aront lour grant clartey Qu'elles ant au aut tens passé, Plus saront noyres que charbons. «Biaus, dous Peyres, nos que farons, Fol. 25' Qui tuyt sumes en berni mes Et de pechia envolopez»? 90 95 Ly tiers signes eyrt merevillious, 100 Plens de dolour et de grant plour, Quar ly solés que vos veés Qui si bien est enluminez Et lumine tote rien, 11 Ce veés vos chascon jor bien, 105 Sara plus noers que une maure 12 Et sachés tuyt qu'en droyt midis Lo verront les gens si nercy Si que ja cogre ne verront; Et cil qui en cel tens vivront 110 Hé! Dyus Peres, que firont yl Que de pechié aront fayt myl? Las, corne yl saront mal bally Que cil jamays n'auront marcy, Qui en 13 cys segle confés 14 ne saront: 115 Mious lour vallist qui ne fussant; 9 Par-dessus (XVe-XVIe s.). JO Cependant (XIIe s.). 11 Toute chose (XJe-XVJe s. ). 12 Sens douteux: peut-être more, mourre (XJJe s.) guéule. 13 Suit fi, biffé. 14 Confessés (XJe.XJIIe s.).
Un manuscrit latin-français du XV• siècle Hé! Dius corn sara corrociez? Jamays non jor ne seront liez. Fol. 25" Ly quars signe yer mout dottablis (sic) Et on de plus demisurable, Quar ly lune qui est tant belle Aluc 15 chiet dou mont (?) quant renovelle Sera plus rogy que ly sant, Colour ara semblant a sant, Mout pres de terre dessandra, Mes mout pety y demoureraz; Corant vindra droyt a la mer, Par force voudra inz intrer Por eschevir 16 loz jor de l' irez Qui nos jugera Nostre Sirez. Helas, corn serent 17 mal bally Cel de cui Dyus n'aura marcy. Ly quinte signe sara orreble, De tot les autres ly plus perible, Quar trestotes les mues besties (sic) Vers loz ciel leveront les testes, A Dyus voudront marcyr crier Mes ne porront on mot soner; Droyt a celle grant fosse iront Par grant ayr s'i ficheront. Fol. 26' Une gitera plus grand cri Q . 18 f d 19 • m ..... aryont oren ret sis, Et docteront mout duremant Dau jugierre lo jugemant. 15 Alors (aluec, XII•-XIII• s.). 16 Esquiver. 11 Suit une lettre biffée. 18 Un mot illisible. 19 Aussitôt (orendroit, XII•-XVI• s.). 23 120 125 130 135 140
24 M. Costa Helas, ly jor n'yrt rien en lieçe,20 Trestotes rien yrt en tristece. Ly seste jor ne laray pas, Quar tuyt ly mont drevindront las Et en cindres vindront ly vauz Tanque ly mont saront egauz. Droyt a cel jor que je vos dy, Signiour, parfoy loz vos affy, 21 Sara ly pays tornee en guerre Et si fort trouera ly terre Qui n'a sor loz ciel si ferme tort Qui jus ne chief a cel jor. Adont charont trestuyt ly asbre Et ly palys qui sont de marbre. Ly septime yert mout cruaux Devant cellui ne az nyon tort; Ly abres qui cheu seront Se redreyceront contremont; Fol. 26" Vers loz ciel iront les racines Et devert terra seront les cimes; Tant crouleront par grant ayr, Tote terre faront fremir, Nes les follies n'y remandrant, Ne autre chouse n'y farant. Adont cheront tot nos maysons, Chastel et habitacions; De sen nos faczons tel dongier, N'y volons poure abergier; Totes les convient fallyr. Ly voeteyme eyrt dottous 22 Sus tos los atros anguysous, Quar de son lua la meyr istra, 20 Liesse, ;oie. 2 1 Je vous l'assure (afier, XIJe-XJVe s.). 22 Redoutable (<lotos, XIIe s.). 145 150 155 160 165 170 175
Un manuscrit latin-français du XVe siècle Voudra fuyr mes ne porra; Adont s'en istra cuetousemant Et brayra 23 mout feramant. Ce tesmognyet cil qui Io dit, Ce Moysés qui ce escrit, Qu'elle voudra en ciel monter, Par force vindra enterrée (sic); Ly pessons qui en son enclos Fol. 27' De sen si faczons te los Desus terre feront lour voye, Bien cuderont que le voye; Pues revindra la mer arriere Come chose enforsonee,24 Se retrahira en son ostage Et les riveres 25 en lour rivage. Ly novieme eyrt mout desperas 26 Et des autres ly plus divers, Quar tuyt ly fluivos parleyront Et devers Dyus depreiront 27 Gueyrant en trey sans Augustin Qui de ces signes 28 dit latin (sic). Et diront tuy ou Creatour: «Sire, marcy, par taz douciour, Dyus qui as pardurabletez Et nos 29 clonas humilitez, Mout avons 30 feyble repayre, Par ta marcy, ne nos defayre». Ly X signe sara mout trafier, 23 Hurlera (braire, XIe s.). 24 Furieuse. 25 Suit un mot biffé. 26 Cruel, effrayant (despers, XJJe-XJVe s.). 27 Prieront (deprier, Xfe-XIJ[e s.). 28 Suit une lettre biffée. 29 Le mot nos est écrit en interligne. 30 Suivent deux lettres biffées. 25 180 185 190 195 200
26 M. Costa Fol. 27" Qui est nyon sans qui tant soyt chyer Ne si pres de son Creatour Qui de ces signe n'ayt paour. Ce nos afermet Ieronime Et ly noble sans Gregore. Adont trenblera Cherubim Et se croulera Seraphim Et dou ciel totes les Virtus; Cel jar sara sem Pere 31 muz Que oyr nec mot ne parleyra Per la paur que il aura, Quar il verra Io ciel partyr Et se verra terra ovryr, Bruyra mout enguyssosemant Et criera: «Rex des ... fans». 32 Adont aront sil d'infer clarté Et saront tuy espuanté; Adont foudront (?) tuyt fors ly dyable, Sayns Io dit, ce n'est pas fable, Et crieront marcy a Dyus Fol. 28'. Et servir Dius loz fil Marie; Ly angel qui ou ciel seront A Jhesu marcy crieront Et diront tuyt marcy aut Roy Que trestoyt a la marcy loyt; Quant ly angel paour aront Ly pechious que devindront? Ly XIII signes eyrt mout servages Que cil quit saront !engages, - Ce fut Japher, ly fit Noé Et Abraam, ly fit Tarrez - 31 Saint Pierre. 32 Le sens n'est pas clair. 205 210 215 220 225 230 235
Un manuscrit latin-français du XVe siècle Ne saront pas la meytié dire De la dolour, de la grant ire Que ly Sire dou mont fara Quant cest signe avindra, Quar totes les peres qui sont Sor Io ciel et sor Io mont Et desout terra et desus, Jusqu'en abisme leans,33 Comenczeront une batallye, Et ne cude pas que vos fallye; Fol. 28" Ce nos dit Jhesu en son livre, Que ja ne se veront delivre Les gens qui en cel tens seront Se desus terra ne s'en vont. Ly XIIII signes eyrt mout mauz, A tot Io monde cummunauz, Quar adon vindra mout grant rage Devant le jalee et dorage; Adont vindra faudra et esclat Et tepesta de totes pars, Et my ly mont carrant mout fort, Entre lour mineront grant ost 34 Tanque a la meyr s'en iront, Jusqu'en abisme dessendront Et terra mere confondront; Cel jor seraz ly ciel desparés Et totes creatures après. Ly XV signes vos 35 vuil dire De la dolour, de la grant ire Que ly Sires dou monde fera 33 Là-dedans (!ëanz, laënz, XIII<-XVJe s.). 34 Combat (XI<-XVJe s.) . 35 Suit un mot biffé. 27 240 245 250 255 260 265 _,
28 Fol. 29' Quant cest signe avindra. Lera meir que tote rien aclot Et totes les choses qui sont, Trestotes torneront amont, M. Costa Or corn fut ou commencemant. Adonr furont les voyes hoyes, Droyt, en semblant de sophanies 36 Qui diront es pechaours: «Dreiciés vos ver loz Creatour, Quar tot est plens de mesaventure»; Deus n'a fayt telle creature Se ly remembret de cel jor Qu'estre ne dyust en grant dolour. Adont soneront les butices (sic) 37 Qui a grant dolour seront visines; Adont reveleront ly mort Et chascun i aura 38 son sort. Nostre Sires adont que faura? Cel et terra .....efeyt 39 aura, Adont vindra jugement, Sachés vos varaymant. Fol. 29" Devant luy assenblé serra Tot ly poble que rechita ha De sun precious sanc ou mont Et bons et maus tuyt i saront. D'evangillies hoez lo dit: Secon lo pastour les berbis Des bons des mas despartira; 36 Variété de vielle à roue (sifonie, XIJe-XIIJe s.). 270 275 280 285 290 37 Vraisemblablement busine, ou buisine, variété de trompe, longue et droite, assez proche de la tuba seroant, chez les romains, aux signaux militaires. Le nom dérive, improprement, du latin buccina. 38 Une lettre biffée entre au et ra. 39 Deux lettres biffées et deux lettres illisibles entre terra et efeyt.
Un manuscrit latin-français du XVe siècle Les bons a sa destra metra Et Deus a tos ses tornera Qui a saz destra mey aura Et lour dira: «Bien soyés venanz, Ly myns amys, venés avant, Loz regne de ciel retené Pieczi a qui vos fut appresté, Quar mout bel ostage 40 me feystes Et my donaste a mangier Quant vistes que j'en avoy mistier; 41 Mout bonemant me visitates En cherries 42 sin vos me vistes; Je fui mors, vos me sevelistes». Et respondront: «En quel guise Fol. 30' Vos femes nos tel sermense (?)»? Nostre Sire lour respondra Et un de ses pours emmenera: «Lay 43 ou vos a cestuy aydaste, Lo myn mesme cors confortastes; Loz vostre guiardon en aviés Laz tout jor meys on vos seré En laz glory de paradis Que j'ay cloné a mes amys». A ces dira Jhesu: «Vené», Et es autres dira: «Allé, Allés en enfer permanyable 44 Qui est apparelliés es dyables, A lours et a lour compagnyons; Alé vos en avoy les fellons, Que unques ne ustes amistiez 40 Hospitalité (XJie-XJV• s.). 41 Besoin (mestier, XIII• s.). 42 Disette (XII•-XIII• s.). 43 Là. 44 Permanent (permanable, XJJe-XJII• s.). 29 295 300 305 310 315 320
30 M. Costa Ver Dyu nostre Peyre dou ciel; Ne ja n' aurey marcy de vos Ne guerpis 45 .•••• 46 allé alour». Et ces que Jhesu ne tindra, guerpira; Ly dyables les en mineront Droyt en enfer ou feu puant Fol. 30" On il suffriront grant tormant. De sen devant porpenser 47 Cil qui avoy Dyu voulant aller, Que il ne facent laz deserter Qui a grant peyne lour retorné; Or pren Dyu, sa maiesté, Que il per sa saynte bonté Nos dant vivrez'bonemant Et nos delivrant dou tormant D'enfer qui est si aspre, On il non az fors que dyables. Amen. 45 Abandonnés '(XJe-XIJle s.). 46 Un mot illisible. 47 Réfléchir, méditer (XJe-XVJe s.). 325 330 335 340
Un manuscrit latin-français du XV• siècle 31 PIECE E [Débat entre Satan, les hommes et la Vierge] Fol. 30" Cy comencet cornent ly human ligniage fit son/ procuriour de la Vierge Marie contres / Sathanas loz dyable. Tuyt cyl qui unques furont ou mode (sic) Entent cornent il est a la rionde, Ne porrient la grant douciour Dire, ne la tres grant valour Qui est en la grant Dame Ha eydier nos en cors et en arme. Fol. 31' Cy 1 parlet cornent ly meystre /d'enfer font lour procuriour de / Sathanas contre l'uman lignyage et ly baliaront / l'escrit: «Îenés Sathanas, biaus, clous amys, Gardés que az en cest escrit: procuriour sens eslognyer Vos faczons de ceste besognye; Meys que vos laz feytes adroyt, Quar nos demandons or en droyt Que nos haons l'uman lignyage En enfer en nostre ostage; De que vos ballions l'escrit, Si en parllé a Jhesu Cryt Et vos saré de nostre ostage Et enfer arés a bergerie». Sathanas dit / a les dyables: «Signyours, ne vos dotés de ren, Nostre besognie farey bien; 1 Suit comencet, biffé.
32 M. Costa Or me vey je a Jhesu Cryt Et ly monstrerey cest escrit; Se farey que nostre besognye Vindra ha effet sens eslognie». Cornent Sathanas / vient [a] Jhesu Cryt: Fol. Jlv «Sire je vien a vos sens dote, Quar nos devons avoyr trestote Laz compagnie et les ostage Qui forant de l'uman ligniage; Et que nos les devos (sic) avoyr Les escrit vos en vuil ·or mostrer». Dyus dit a Sathanas: «Sathanas, se ne faray je miez Quar tort faray a la partiez; Ajorne les par devant moy, Droyt en faroy en (?) bone foy; Je le faray tot ajorner Par Gabriel sens arester». Dyus dit a Gabriel: «Gabriel, ceste letre tient Et ne lassier par nulle rient Que tu ne semognies 2 les gens De l'uman ligniage par tens, Encontres Sathanas loz maveys; Per devant moy saront ly playt». Gabriel dit / a Jhesu Cryt: Fol. 32' «Sire, vostre cornant faray, Per nulle rien non laseray». 2 Tu ne convoques (semondre, XJe-XJVe s.).
, ~~ ""°' ~-n~. ~1 ~~1~ ' •::}'" ~· ~ Débat entre Satan, les hommes et la Vzerge: fol. 33"
Un manuscrit latin-français du XVe siècle Sathanas / dit a les gen: «Vos soré tuyt de nostre part, Ou fuaz d'infer vos faut alar, Vos serés tuyt ars et brulaz; Assez vos convient tot ardoer, Quar Adam en fit Io pechié Quant il ot la pome mangié». Gabriel dit a le gent: «Signiours, Sathanas vos fayt asemondre Et dit que il vos fera afondre Per loz pechiez que fit Adam; Vos suffreroys peynna et tormant Se vos bien ne vos deffendez; Devant Dyus estes appallez». Ly human ligniage: «Sire, a Sathanas nos cognison Quar a lui rien fere n'avons, Mes plens sumes de desconfort Quar il nos fayt semondre a tort, Avens que consoul ussant preys». Sathanas dit a Jhesu: Fol. 32" «Sire, je vienc a ma jornee Encontres tot l'uman ligniage; Il n'est nyon qui vigniet aut playt, Done (?) moy deffant, si vos playt, Quar ce est droyt et ma reyson. Ci assé demorez avons». Dyus dit a Sathanas: «Sathanas, or ne tez cuytier pas, Je lour farei cuytier les pas, Huchuer 3 par I' angel Gabriel; 3 Appeler à haute voix (huchier, XIJe-XVJe s.). 33
34 M. Costa Si ne vigniont tost et yssuyl Je les farey en defaut metre; Revenez deman en cys estre». Dyus dit a Gabriel: «Va semondre appertemant Que vignent tost ygnellemant Par devant moy l'uman ligniage; Torne lour pues a grant damage, Si ne vivont appertemant Contres Sathanas loz maveys tyrant Qui tot jor les vayt conjurant». Gabriel dit a Jhesu: Fol. 33' «Sire, je faray vos cornant, Sens deslognier appertemant». Sathanas dit a Gabriel: · «Gabriel, cyt deffaut a passé Quar Diu lo vos a comandé, Sembgnies sus cest deffaut Biem me semblet, quar lour n'enchaut 4 De venir contres lour partie, Mes je lour farey villanie». Gabriel dit a Jhesu: «Sachés, je vey sens nyon deleyt, mes sages trop lour fays devoy». Gabriel dit a l'uman ligniage: «Signiours, je vien a vous sens dote Mostree vos la besognie tote, Quar mout bien estes en la voye D'infer on il n'a puen de joye, 4 (Il) ne leur arrive (enchëoir, XII<-XVe s.).
Un manuscrit latin-français du XVe siècle Se vos bon consel ne querés Et a vostre jornee ne venés; Et lo deffaut je vos apport; Allez alla Vierge Marie Quar ella est de vostra lignie. Fol. 33" Sachés, bien vos confortera Et par vos avocat sera». Ly human ligniage dit a la / Vierge Marie: «Tres doucy Dame, cortoyse et sage A cui nulle n'a comparage, Vierge tres douce, glorieuse, Pucelle fine et preciouse, Saphir, rubis et esmiraude, Plus estes belle que nulle autre, Volliés nos, Dame, conforter Contre Sathanas et visiter Qui nos fayt aiorner a tort, Don nos suen plen de desconfor, Devant nostre sire Dyus Jhesu Don nos sumes desporvehu; Dame, se venés avoy nos Quar un deffaut a ja sus nos, Se nos farez nostre 5 besognie Devant Dyus qui tot habondet». Nostre Dame respon a l'uman ligniage: Fol. 34' «Mes freres ne vos dotés pas, Quar par vos saray avocas Et se sui de l'uman ligniage; Se vos garderey de damage Contres Sathanas loz aversier On jar m'en voyés sens tharsier». 6 5 Suit s, biffé. 6 Tarder(?): targier, tardier, XII<-XVJe s. 35
36 M. Costa Or parlet Sathanas a Jhesu Cryt: «Jhesu, dit Sathanas, entent moy: Saches que ja a jor ne prendray Nulle feme per avocat Quar tropt saroyt villens ly pat; A moy en saroyt grant despit, Droyt en demant a Jhesu Cryt». Nostre Dame respon a Sathanas: «Sathanas, myouz que tu Io puys estre Je demande interlocutorie A nostre sire Dyus, Dyus Jhesus, Devant cui nos sumes venus Por pledeyer de cestui cas, Si en saroy droyt avocas». Or respon Jhesu a la partie: Fol. 34" «Allé vos en, demayn venés; Chascun vos procès apportés. Adont seray sens eslognier Qui a droyt de ceste besognie Et adont dreyt jugie serra La sentency cui illi afferra». Or parlet Sathanas a Gabriel: «Gabriel, biauz, tres clous amys, Mon procès te ballie et denys Por copier de la besognie, Se Io me rendés sens eslognie Et ne see pas si ardis Que tu loz ballies a Jhesu Cryt». Or parlet Gabriel a Sathanas: «Sathanas, or ne doter pas, De certan ne ly donrey pas;
Un manuscrit latin-français du XVe siècle Mes a la Dame en donré copie Que un 7 appelet Vierge Marie, Qui est por tot l'uman ligniage Avocat por lour ostage». Or parlet Gabriel alla / Vierge Marie: Fol. 35' «Tres douce Dame et de noble autour, Tu es mout bons procuriour, Tu as esté a seste foys Contres Sathanas lo maveys Por l'uman ligniage Jhesu Don il seront tuyt secorm>. Or parlet Nostre Dame a Gabriel: «Gabriel, me amys tres clous, Je te pris por fermes (?) amours Lo procès <de>Sathanas copie, Quar en vos mout me suefie Et que je l'ay por dever moy Et mout bien vos en payeray». Or parlet Gabriel a Nostre Dame: «Tres douce Dame, biem faray, Vestre procès je ney foudray, Quar myot lo dey fayre sen fallie Que nyon autre comen qu'il alliet; Je lo faray sen contredit, Lo monstreray a Jhesu Cryt». Or parllet 8 Nostre Dame / a Gabriel: Fol. 35" «Gabriel, or escry ansy: Je sui vierge, bien lo te dy; Pucelle sui et mariee, 7 On. 8 Une lettre biffée entre par et llet. 37
38 M. Costa De Josep sui feme clamee; Por tos ces puys bien pledeyer Encontres Sathanas I' aversier Et deffendre l'uman ligniage Que ja 9 ne lour fara damage». Or perllet Nostre Dame a Jhesu Cryt: «Byaus fis, byaus pere, vené cy: Mon procès que j'aporte cy Regarda se il est bien fayt Encontres Sathanas Io maveys». Or parllet Dyus alla Vierge Marie: «Dame, sentece (sic) tost donroy, Mes partie appeller faray». Or parllet Sathanas a Jhesu: <<Jhesu, quar tenés monc procès, S'il est bien fayt quar regardés, Droyt my faytes je vos requier, Quar je ne vuyl plis pledeyés Vostre sentence giterés; Si vos playt, plus n'y attendrez». Or parllet Dyus a Sathanas: Fol. 36' «Sathanas, je te farey reyson, A toy ne ha autre n'y foudron; Ne ja tort por l'uman ligniage Ne faray que Io droyt ostage A jugier sen que reyson yert De doner droyt cui il affiert». 10 Or parllet Dyus a Gabriel: «Gabriel, enten cy a moy: 9 Suivent deux lettres biffées. 10 A qui il convient (aferir, XJe.XVJe s.).
Un manuscrit latin-français du XVe siècle Je te cornant en bone foy Que en ces procès regardes Si sont bien fayt et que tu saches Qui a tort, que loz me dies Et je aye les copies». Or parllet Gabriel a Jhesu Cryt:· «Sire, mout voluntier faray, De tot a vostre pleysir saray, Mes je vos dy tot de certan: Cy procès non est pas certain Que Sathanas vos a ycy livré, Quar g'y ay mout bien regadé (sic)». Or parllet Nostre Dame a Jhesu Cryt: Fol 36" «Biaus fis, je vien a ma jornee Por tote l'uman ligniage, Contres Sathanas l'aversier Qui nos cudet tot enginier». 11 Or parllet Dyus alla Vierge Marie: «Dame, sachés que je donray Assez tost sentency, en faray A chascun 12 droyt salon sa partie; Dame, ne vos esmayer mie: 13 Vos serés recehue en droyt Et l'enporterés orendroyt».14 Or parlet Dyus a Sathanas: «Va-t-ant Sathana, je te condapne; Devant que fust nee saynte Anne Fut propheytyé ly nassencez 11 Tromper (engignier, XI<-XVJe s.). 12 Suit so, biffé. 13 Ne vous effrayez pas (esmaïer, XI<-XVJe s.) . 14 Aussitôt (XII<-XVJe s.). 39
40 M. Costa Que une vierge sens dottance Vindroyt, par cui ly human ligniage Saront recheté clou passage D'enfer, on tuyt esteyns mys Por Io pechié que fit j a dis Adam, quant mordit en la pome; Don enfer fussant ment home Se cy ne fust la moy mere Fol. 37' Et la mort qui estoyt 15 amere Et Io tormant que je ay hau en la cruys On je soffry peynne et grant orguys; Si te condampne icy Sathan, Va-t-ant en infer mantinant». Or se compleynt Sathanas: «Or veyge bien que je m'en voys, En infer en auray destroyt; 16 J'ay procuré maveysemant, En infer auray grief tormant; Cy jugement est por moy fors, En infer m'en voy sens confort». Or pellont ly diables a Sathanas: «Orsay Sathanas, larre mavays, Jamés n'auré fine vos playt, Enver nos la comperrez 17 Quar nostre playt avé perduz; De l'uman ligniage Jhesu Encontres Marie la roxe Dont payés sarés estrosse (?)». 18 Or perllet ly human ligniage / a lui messmeme: 15 Suit sy, biffé. 16 Peine, détresse. 17 Expierez (comperer, XIIe-XVIe s.). 18 Aussitôt (estros a, par, XIJe-XJIJe s.).
Un manuscrit latin-français du XVe siècle Fol. 37" «Byen devons honorer cel Dame Qui nos az sarvé cors et arme Et si az gardé de damage Tous ces de l'uman lygnyage; Sez en rendrons gracies et marcy A nos et ou Deu Jhesu Cryt. Amen.19 19 Le folio se tennine par les annotations suivantes: 41 Istud romancium est nobili viro / Johanni de Sancto Petro Castri Argentei, / dyocesis Augustensis, quem Deus benedicat / per infinita secula seculorum, amen. / Istud romanum (sic) est ad Johannem / de Ruppe de Sancto Petra quem Deus / in bonis operibus benedicat, in malis autem / operibus festine permictat ut agat quid / poterit agere sine Dei juvamine, specialiter / cum mulierem (sic) ad quas vadit per coytum / ineundo, autem maledictum reputo per non fictum. / Datum est hoc per ipsum Johannem de Ruppe / predictum, die qui n'est puyn en escript que de Dieu serioz byen maldit. Amen. / Johannes/ ... de/ Ruppe ..... (La signature est presque illisible à cause de l'encre fort décolorée).
JosEPH-GABRIEL RrvouN LES FRANCHISES DU MANDEMENT DE BRISSOGNE (1325-1512) Le 4 mars 1505 1 la dame Claudine de Montagny, dernier rejeton d'une grande famille vaudoise établie en Vallée d'Aoste depuis un siècle environ, épousa Aymon de Genève, seigneur de Lullin et de Prissier et coseigneur de Vulliens, «auquel seigneur elle porta en dot toutte l'hoirie des Montagny, avec la portion de Benigne sa soeur».2 Cette hoirie comprenait notamment les seigneuries de Brissogne, de Sarre et de Rhins, qui appartenaient à la famille depuis le début du xve siècle.3 A la mort de Claudine, ces seigneuries furent héritées par son mari et par sa fille, Marguerite de Genève-Lullin. Une nouvelle dynastie était donc appelée à y exercer son pouvoir. Les habitants de Brissogne demandèrent aussitôt 4 à leurs nouveaux seigneurs, suivant la coutume, de confirmer les libertés, franchises, privilèges, immunités et prééminences, qui leur avaient été octroyés précédemment. Une réunion fut donc convoquée le 20 janvier 1512 à Aoste, dans le poêle (salle chauffée) du prieuré de Saint-Jacquême, au cours de laquelle Aymon de Genève, en son nom et comme administrateur de sa fille, mineure d'âge, acquiesça à la requête de ses sujets et promit sous serment de conserver et défendre les chartes en question. 1 A. DE FORAS, Armorial et nobiliaire de l'ancien Duché de Savoie, vol. III, Grenoble 1893, p. 76; A. MANNO, Il patriziato subalpino, vol. I, Firenze 1895, p. 149. 2 J.-B. DE TILLIER, Historique de la Vallée d'Aoste, Aoste 1966, p. 263. 3 Sur l'installation des seigneurs de Montagny dans ces seigneuries valdôtaines, cf. ].-B. DE TILLIER, op. cit., pp. 221, 263 et 284; ID., Nobiliaire du Duché d'Aoste, Aoste 1970, pp. 422-423. 4 La date de mort de Claudine de Montagny n'est pas connue: il est fort probable que la démarche des Brissogneins lui fût immédiatement successive, ce qui amènerait à fixer ce décès à la fin de l'année 1511. Aymon de Genève se remaria, le 7 mars 1514, avec Marie, fille de Pierre de Duin seigneur de la Valdisère (A. DE FORAS, op. cit.' p. 76).
44 ].-G. Rivolin Nous avons là un exemple classique du procédé qu'appliquaient les communautés du moyen âge et de l'époque moderne pour se faire reconnaître leur droit à conserver les franchises obtenues par le passé. Le mécanisme est simple: l'initiative appartient, évidemment, aux communautés concernées, qui s'adressent au seigneur en lui demandant la confirmation voulue; après examen des pièces justificatives par un comité d'experts, notaires et «iuris periti» désignés dans le but d'assurer le seigneur de l'authenticité des documents présentés, celui-ci renouvelle avec ses sujets un pacte comportant des obligations réciproques. 1 - LE PHÉNOMÈNE DE L'OCTROI DES FRANCHISES EN VALLÉE D'AOSTE Il s'agit d'un mécanisme qui, au début du xvre siècle, avait désormais fait ses preuves. Le modèle en était le rapport quis'était établi, depuis la fin du XIIème siècle, entre le comte de Savoie et les citoyens et bourgeois de Aoste, par la célèbre charte de franchises de Thomas Ier, qui inaugura la série des chartes octroyées par les comtes de Savoie aux communautés de leurs domaines. Il est bien connu que les confirmations et les nouveaux octrois de franchises, de la part des comtes de Savoie, aux citoyens d'Aoste et à d'autres centres urbains et ruraux du domaine direct du comte (Villeneuve en 1273, Etroubles en 1310, Valsavarenche en 1320, Bard et Donnas à une date inconnue, avant 1272)5 encouragèrent les autres collectivités à prétendre de leurs seigneurs respectifs des chartes semblables: ce mouvement d'affranchissement, qui atteindrait au xrve et au xve siècles son intensité majeure, s, amorça dès les années 1270. Les plus anciennes franchises accordées par des seigneurs locaux dont on a connaissance sont celles d'Issogne et de Cogne, 5 La charte de Villeneuve est publiée dans D. DAUDRY, Le bourg de Villeneuve et ses franchises, Aoste 1967, p. 9; celles d'Etroubles et Valsavarenche dans J.-B. DE TILLIER, Le /ranchigie delle comunità del ducato di Aosta , a cura di M.C. DAVISO DI CHARVENSODe M.A. BENEDETTO, Aosta 1965, respectivement aux pp. 40 et 57. La charte de Bard et de Donnas est perdue: la date de 1320 est celle de son extension aux anciens sujets des seigneurs de Vallaise, passés cette année-là sous l'autorité du comte Edouard de Savoie (cf. J.-C. PERRIN, Franchises, statuts et ordonnances des seigneurs de Vallaise et d'Arnad XJVe-XVJe siècles, Aoste 1968, p. 244). Les comptes de la châtellenie de Bard, qui débutent en 1272, n'enregistrent pas la perception de la taille dans les deux bourgs: leur affranchissement doit donc être antérieur à cette date (Archivio di Stato di Torino, Sezioni riunite, inv. 69, fo 29, m. I. Le compte le plus ancien est publié par M. CHIAUDANO, Lafinanza sabauda ne! secolo XIII, BSSS CXXXI, Torino 1933, vol. I, pp. 240-250).
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