st besoin, pour se ranger de notre avis, que de songer un instant au tempérament sangu in qui prédom ine parmi les fil les de la campagne et aux indications que ce tempérament et la puberté savent suggérer. Grappein avait vu, dans sa j eunesse, prat iquer la danse au presbytère meme, sous les yeux de son oncle . Auss i f ut-il navré en voyant d'i nnocents racleurs de vio lons garrottés c_omme des cr imine ls et condu its à Aoste . C'est qu' une forme de gouvernement était venue, qu i ne renfermait pas tous les pouvoirs entre les mains d ' un syndic; c'est que celui-ci n'était souvent nommé qu'ensuite de l' appui et bon gré du curé; c'est qu'il éta it sous la pression de ce dernier. XIV. Dans la vie privée, Grappein était un modèle de sobriété patriarchale. Levé à l'aube du jour, n'importe la saison, il entreprenait invariablement une courte promenade, n'importe le temps, beau ou mauvais. Il n'a jamais, de sa vie, taté ni vins, ni liqueurs. Il usait, par contre, assez largement du café. De la viande fralche, des bouillies de ma"is, des oeufs, du laitage, du riz, de la soupe au pain, composaient la carte sur laquelle il choisissait le menu de ses repas . Je ne pourrais sérieusement entreprendre de réfuter les griefs qui l'autorisaient, selon lui, à proscrire à tout jamais la pomme de terre . Que dirai-je de son chapeau, dont les ailes avaient des allures inverses; de son frac immense, sous lequel se perdait sa personne; des crampons qu'il n'abandonnait pas meme en été, au milieu des pré en fleurs, etc.? Ce sont là quelques-uns des c6tés (et de moins saillants) par où s'échappait l'originalité quand meme de son caractère. Ceux qui l'ont visité dans son taudis ont pu se convaincre de l'infinité de décrets administratifs, de pensées morales, d'aphorismes médicaux, etc. qui masquaient la nudité des murs. Aux pieds de son grabat, sur un modeste billet, fixé à une poutrelle par un clou chassé à toute substance, j'ai lu ces mots: Je suis né le 22 avril 1772. Son coeur ouvert à l'humanité, ses mains fermées à l'or, il a toujours exercé gratis à Cogne et aux environs durant un demi-siècle. Il eut pu augmenter son patrimoine, déjà assez considérable pour le pays, eh bien! il l'a légué à ses neveux sensiblement diminué. Lorsqu'on était admis à jouir d'un quart d'heure de conversation, on sortait assez satisfait, quelquefois meme ébloui. A voir ce veillard au verbe ardent, au front couronné de cheveux blancs, on eut dit l'Etna à la tete
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