21 Le Flambeau - 06

Foria la poudra Sur le revers de la colline aride, calcinée par le soleil, entre Chambave et Nus, deux gaillards étaient en train de tirer parti, pour bois de chauffage, d'une vieille souche de cerisier. Ne parvenant, avec les outils dont ils disposaient, à fendre les entrecroisements des veines et des noeuds de ce tronc séculaire, ils décidèrent d'y piacer une mine. lls allaient la charger quand ils aper– çurent Grosjean qui s'amenait vers eux. Grosjean, gros de corps et d'esprit, avait la renommée d'etre un Hercule, un Sanswn, un Carnera. Lui-meme se disait: « Gargantua ressuscité » . Par le fait, parmi tant d'événements démesurément grossis ou réels qu'il s'attribuait, il avait rencontré des aventures au cours des– quelles sa force a vait d é noué de pénibles situations. Dans bien des cas calamiteux, c'était par lui et sous sa direction qu'on avait évité de plus graves désastres, effectué maints sauvetages. Et il avait soin que tout le monde les conniìt. Jamais, de toute sa vie, il ne s'était mesuré contre quelqu'un de ses semblables, pas meme à vingt a ns, à l'époque de la conscription, occasion si favorable aux querelles, a ux conflits, aux bagarres. Il aurait, répétait-il, cassé la gueule à n 'importe qui, ii l'aurait écrasé, pulvérisé, faible ou fort, mi– gnon ou colasse. Au contraire, il s'en prenait aux animaux et n'eiìt été la respon– sabilité qu'il s'assumait, il aurait meublé une écurie, de mulets qui ruaient, de vaches et de tau r eaux furieux. S'il en avait à raconter des épisodes ccm iques survenus durant ses luttes de bestiaire! ___;_ 18 -