21 Le Flambeau - 06

pouvait retenir les biìches, en l'embrassant. rez-terre, avec force, on gagnerait du temps mais qui peut le faire! Té! dit Grosjean sé précipitant l?Ur la souche; chargez et briìlez. En attendant il la serrait dans ses bras-tenailles, semblables à des cuis– ses, le .visage déjà conge~tionné par l'effort, les yeux grand-ouverts, fixé sur la fumée de la mèche ,le corps étendu par terre de tout son long, . ses grqs souliers serrés dru contre un roe, dans le but évident d'amor– tir la violenc~ de la seco.usse. . Les deux gars se ~egardèrent perplexes, douteux; un léger scurire - yoilé effieur~ ·leurs lèvres. Lorsque la mine éclata, il virent dans un nuage de fum"ée et de poussière les débris du tronc projétés au loin et le corps de Gros– jean soulevé de terre, retombant à plat à quelques pas de distance. Jésus Marie! S'écria l'ainé, bleme d'épouvante, les deux mains dans ses cheveux. Tous les deux frémirent terrorisés · de leur crime, convaincus l'un et l'autre qu'ils venaient de sacrifier un copain. Grosjean redressa son torse athlétique droit camme un monu– ment et la setile impression émotive qu'il manifesta, fut: "dzablo, torta la poudra ". Il épousseta son pantalon et son gilet, s'assis sur le bord du tronc qu'avait formé la souche par son départ, et, pour justifier son premier insuccès d'athlète, il f.'essaya de reconstruire sa position as– trale: Soulevé de terre, disait-il, que pouvais-je faire? J'étais camme un poisson hors de l'eau! Je n'avais plus un point d'appui. Tout de me– me ça a été si inattendu, si impétueux, si instantané! camme la fou– dre, quoi! Pas le temps d'ouvrir les bras de plier les jambes, pas me– me le temps de penser! Les deux gaillards le regardaient fixement, pour se convaincre que c'était bien Grosjean vivant et gesticul~mt qui leur parlait et ri– aient, ils riaient aux larmes. Lui, humilié, désolé, rageur, se montrait dégoiìté de sa mésa– venture. CORDÉLUS -20-

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