21 Le Flambeau - 06

(l{yLe · atJ-erLtwe (fniLde((fJ ' a ----- Ils étaient dèux: l'un plus jeune, l'autre plus agé. Il pouvait etre huit heures du soir, lorsqu'ils arrivèrent au som– met du Col de Faudery. Les derniers rayons du soleil couchant do– raient encore les cimes rocailleuses des montagnes. Aucun bruit ne traversait désormais plus la nature immobile. Les marmottes avaient, depuis longtemps, regagné leurs tanières. Les légions d'insectes, qui pullulent la montagne et se ca chent dans toutes les fissures de la .re– che, avaient cessé . de faire entendre leur bruissement cadencé. La so– litude, la mort, semblaient régner souveraines, sur le Col de Faudery, en ce scir glacé du mais d'Aout. Les deux hommes s'étaient arretés un instant pour reprendre ha– leine. Ils· avaient marché treize heures durant. Leurs masques por·· taient les stigmates de la fatigue. C'était le plus jeune, un solide gail– larci d'environ 25 ans, qui avait déclaré à l'autre d'etre à botìt de for– ces et lui avait demandé de faire une halte sur le Col. Ils avaient déposé à terre leurs lourdes « charges » de tabac. Ils s'étaient assis dessus, le sol étant froid et humide, et ils se regardaient en silence. Un vent impétueux leur cinglait le visage. Il se .faufilait sous leqrs habits de velours usé, en menaçant à tout moment de leur faire perdre l'équilibre et des les envoyer rouler dans le précipice qui s'ou– vrait à leurs pieds. Mais ·nos deux hommes ne craignaient pas le vent. Habitués dès l'enfance à braver les éléments déchainés de la nature, ils gardaient une impassibilité complète, meme lorsque les rafales se faisaient plus violentes et plus prolongées. -27-