21 Le Flambeau - 06
18 G R A S -P A S etc. La prononciation de l's final est disparue dans le français ac– tuel excepté lorsqu'il s'agit de mots qui sont toujours devant une pause, par exemple : hélas! N os patois, par contre, continuent dans bien des cas, à prononcer cet s. Ainsi, dans la Basse-Vallée surtout, le mot gras est prononcé non pas gra, mais gras. Il en est de meme du mot pas (français: pas; italien: passo). Cette prononciation remante au Moyen-Age, (du VIme au IXme siècle) lorsque les mots latins grassus ou grassum, passus etc. (confor– mément à la règle de la chute des atones finales) ont laissé tomber le ...sus ou ...sum final. 19 P O U E R A P O U I R E C'est encore au cours du Moyen-Age que deux voyelles en hiatus dans un meme mot se sont fondues en une seule. C'est ainsi que pavore (m) est devenu paeur, puis poor, puis peeur et enfin peur. Les patois valdotains conservent le hiatus; on dit pou'ire, pouère ou bien aussi pouera. Ce mot patois remante dane, dans sa phonéti– que à l'époque la plus ancienne de la formation de la langue française. 20 BE NÉ I Un cas analogue au précédent est le suivant: benedictus est de– venu beneoit, puis benoit puis béni. Certains patois (ceux de la Vallée de l'Évançon, p. ex.) conser– vent le hiatus on dit en effet: bènei. 21 M A U R Souvent, au cours des !Ime, IIIme, IV siècles le t latin a été transformé, dans la prononciation puis aussi dans la graphie vulgaires, en d. Par exemple: pater est devenu ·pader, mater = mader, matu– rum = madurum, etc. Bientot (conformément à la règle que j'ai déjà enoncée ci-dessus au n. 14 et à laquelle je farai aussi allusion tout à l'heure au nume– ro 23) la finale ...um est tombée. Ce mot devint, dès lors: madur. -45-
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