21 Le Flambeau - 06
des langues régionales soit autorisé dans le carlre de l'emploi du temps normal et non plus seulement aux heures de loisir, et que les points obtenus à l'épreuve de langue régionale comptent pour l'ad– mission au- baccalauréat. Mais de tels problèmt>s· n'intéressent pas la masse des parlementaires, et ceux-ci, pas plus que l'opinion publique française, ne sont pas encore parvenus à la ·notion de justice ethni– que, du moins à l'égard des populations métwpolitaincs considérées officiellement comme entièrement assimilées depuis 1789. Les milieux gouvernementau.-..::, à part quelques louables excelJtions, cn sont encore au meme stade. GENOCIDE CULTUREL Quels ont été les effets sur le peuple breton de celte politique qu'on pourrait qualifier de génocide ·culturel, menée avec persévé– rance depuis cinq générations ? La langue bretonne parlée au foyer s'est évidemment appauvrie et ><on domaine s'est réduit, cependant que la plupart des enfants des campagnes n'acquémicnt à l'école que la connaissance d'un français sommaire et défcctueux. :Faute d'un instrument convenable d'expression, le niveau mental moyen de la population a subì un rctard indéniable à mesure que se développait mt enseignement inadapté et artificiel. Les paysans, traités en demi– sauvages à cause de leur vie misérable et parce que s'exprimant mal en français, _ont bien souvent fini par se sentÌl; inférieurs et par ac– quérir un complexe de << chien battu », allant dans bien des cas jusqu'à mépriser leur propre langue, à la considérer comme une véritable tare dont il fallait à tout prix pt·éserver leurs enfants. L 'al· coolisme, plaie habituelle des peuples soumis à un processus d'as– similation culturelle, s'est largement développé. l~a transmission de la sagesse et des traditions ancestrales s'est trouvée bru.talement interrompue dahs des familles où il est devenu courant - - et où il est considéré comme naturel ! - que les grands-parents et leurs petits· enfants soient incapables de se comprendre' . · La meilleure connaissance du français à laquelle ont fini par parvenir les jeunes générations a toutefois remédié à certains de ces maux si elle a aggravé les autres. Le complex<! d 'infériorité et de repliement sur soi a fait place chez beaucoup de jeunes à une con- . science exaltée de leur valeur, jointe à une véritable soif d'instru.c- (4) Bien sur, aucun Breton ne souhaite renoncer a la connaissance du fran– çais. Mais, précisément, l'enseignement rapide d'un français correct exigerait de s 'appuyer sur un enseignement parallèle du pader du pays, seui moy en d 'empècher la contamination de l'un par l'autre. -- 9
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