21 Le Flambeau - 06
Les auteurs Christianisme et Socialisme, par Séverin Caveri (lmpr. E. Due Edit.). L 'lmprimerie Edouard Due a imprimé l'année dernière trois ouvrages de l'ac– tuel député de la Vallée d'Aoste au Parlement italien. Dans le premier en date de pa.rution, Christianisme et Socialisme, l"auteur n mis le fruit ile ses personnelles médi– tations sur l'opportunité d'une collabo– ration entre 1es deux grands courants d"opinions qui partagent actuellement le monde. Il appuie sa thèse sur les paroles du Chnst et sur celles des ap6- . tres. des saints, d es docteurs de l'Eglise et des sociologues .matérialistes. L 'espace nous manque pour résumer la substance des enseignements qu"il présente à notce attention, dans une vaste et élégante synthèse. Citons sim– plement les plus ~aillants résultats -:le son enquete philos0phique et politique. l) « Selon l'Rvangile, le Chrétien est Parfait, lorsqu H cède ses biens à la Communauté. 2) « Selon le Soctal•.sme, les grandes richesses doivc>tt étr"' attribuées par loi à la Commnnanté. 3) «Le Christianisme, qui est une re– ligion, veut que ce transfert de la Ri– chesse se fasse rlP. l'Homme à la Com– munauté, da·rts un élan d'amour ponr Dieu et le prochain. 4) «Le Soci-:t:i~-me, qui est une doc– trine politique et qui interprète l'at– tente vaine des pauv~es, pense qu'il faut suppléer à la libre aliénation des riches, que l'an attend depuis trop long– temps, par la conirainte de la loi ». En définitive, la conception sociale du Christianisme peut ~e résumer dans ces paroles: ('e qui est à moi est -à toi; la oonception sociale du Socialisme dans ces autres paroles : ce qui est i: toi est à moi. L'identité des deux concepts n 'est qu'apparente; en réalité. ils cachent et les livres un profond anta;sonism'!. Voyons d 'é– claicir. Selon le Christianisme, l'homme est un etre libre : il est l.ibre aussi bien de se damner que de se sauver. La pré– destinatfon n'est pas concevable puis– que la Création e~t un acte d 'amour du Créateur. Dans le domaine qui nous occupe il en c!.écoule que la justice so– ciale ne peut se réaliser que d'une .seu– le f-açon: à trav<' rs la charité. Le Christianis·ne, camme l'an voit, est une doctrine très simple dans ses postulats. Mais entre les postulats de la doctrine et leur application prati– que. il y a an J'ossé que la plupart des · hommes n 'ont ~u ou n 'ont pu _franchir. L 'homme est aussi un ètre déchu, dane soumis entre qutres à la faiblesse de l"égoi:sme et :mx l01s biologiques de la survivance. Les sociologues socialistes se sont vite 'lperçus que la charité était une des dermères vertu;; pratiquées par l'homme. «Il n'y a qu'nnE tristesse, di– sait la Femme Pauvre de Léon Bloy au peintre And!·onic au terme de sa vie terr'e"stre, c'est de n'étre pas des saints ». De là dérive i'injustice sociale, la mau– vaise répartition de la richesse. Pour parer à cet inconvénient, ces socio· logues n'ont pas clétruit ou refusé la charité, camme on affirme trop sou– vent: si !es citoycns donnent aux plus indigents qu'eux le superf!u, tant mieux pour tous; mais ouisqu·ns ne cessent de démontrer de ne _oas tenir ce com– portement, l'Etat doit intervenir pour assurer une meilleure d.i~tribution des biens économiques. Il ne semble pas que dans les socié– tés à régime socialiste la « contrainte de la loi » ait porté à des résultats sa– tisfaisants sur le pian de la justice so– ciale, les - hommcs préposés à assurer la répartition de la richesse étant eux– memes déèhus, égoi:stes, etc., comme d 'ailleurs les gL";tnds docteurs de la ctoctrine socialiste. C'es~ pourquoi le Christianisme ratorque que la société -115-
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