21 Le Flambeau - 06
à gravir; mais si l'on savait hien que non seulement il n'est pas difficile, mais qu'il est très facile, il irait là-haut dessus dix fois plus d'alpinistes. Pour prouver qu'il est facile, on a déjà porLé là-haut des cara– vanes de 100, de 150, de 200 personnes à la fois, mais ce . n ' est pas encore assez. Moi je voudrais que tous, au moins une fois dans leur vie, ail– lent au Grand Paradis, pour savoir et pour compt·endre quelles gran– des satisfactions la Inontagne réset·ve à cet.Lx qui l'aiment. Le Gt·and Paradis est une montagne tout-à-fait tailléc pout· cela . Elle mel à la disposition, à la portée de tous, des jamhes déhiles comme fles poumons fatigués, à peu de frais , à peu de peinc, toutes les impres– sions profondes, suaves, terrihles, grandioses que donne la grande montagne. Pour pousser tout le monde au Grand Paradis, et pour prouver que tout le monde peut y ardver au sommet, j'ai fait une expérience tout-à-fait convaincante et concluante. Et c'est cette expér.ience que je vais décrire point par point. Si après cela, yous n "allez pas au. Grand Paradis, la fante n'en sera pas à moi ; mais elle sera impu– tahle seulement à votre paresse et à vott·e peu d'amonr des sensations suhlimes qu'offre la nature. On sait que le chanoine Carre} (1800-1870) , l'introducteur et le pionnier de l'alpinisme en Vallée d ' Aoste, avait adopté ce moyen– ci pour prouver que la montagne est facile: il y faif'ait aller des femmes. Si le sexe faihle y va, à plus forte raison reuvent y aller les hommes. L'argument était péremptoire. Ainsi, p01.u prouver que le niont Emilius \3559 m.) est facile, il y fit aller en 1830 la demoiselle Argentier. Il euL meme le com·age de faire aller au Cervin (4482 m .) sa nièce Félieité: elle arriva pres– que sous le sommet, au-delà du Pie Tyndall ( 4245 m .), à un replaL qu'on appelle encore aujourd'hui de son nom Col FP.licitè (4310 m.). Moi, j'ai voulu faire plus que le hon chanoine, el pousser plus loin l'expérience. Pour prouver que le Grand Paradis est extrenle– ment facile, j'y ait fait aller, devinez qui ? Un ~ìne. Oui, un àne en chair et en os. Et il est allé très Lien au sommel, et il en est reve– nn très hien au fond ! Après cela, raisonnant comme le chanoine Carrel, je pouuais bien dire: si les ànes vont au Grand Paradis, à plus forte raison reuvent y aller Ics gens. Mais, je ne ferai pas cette comparaison: el– le est sàns doute strictement logique mais elle est un peu hlessante. Quoi qu'il en soit, après cette expérience, tout le monde doit dire: je veux aller moi aussi au Grand Paradis. Et je velLx y aller tout de suite, la campagne prochaine. Et c'est justement la con– clnsion que je velLx que ·vous tiriez de mon experimentum in anima -29
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