21 Le Flambeau - 06
vili. J e serai bien payé de la peine que j'ai p rise si je puis faire quel– ques recrues à l'alpinisme. V oici maintenant dans tous ses détails l 'ascen:;;ion d 'un ane au Grand Paradis. Je partis pour Valsavarenche le ler juillet 1931. A peine arrivé, je suis allé trouver mon ami Dayné et lui ai fait part de mon projet: mener un ane au Grand Paradis pour prou– ver que cette montagne est accessible à tous. Dayné tout d'abord s' est montré froid, sceptique. C'était tout nature} ! Il n 'était pas préparé à la chose. Puis il se prit à ré– fléchir. - Voyons, dit-il, par où le ferons-nous paEser, notre ane ? ll y a, entre autres, deux passages pas du tout facile pour un ane. Le premier passage est ce point où finit le chemin de chasse au-de.s– sus de la cabane et où on prend le glacier: à ce point là il y a des rochers un peu raides où il n'est pas facile de faire passer un ane par là. Le second passage pas facile, est la ber~gnmde q1.ù est sous le sommet. Cette bersgrunde ne sera-t-elle pas infranchissable à un iìne ? Hormis ·ces deux passages, je ne crois pas que h\ chose pré– sente des difficultés insurmontables. Alors je fit observer à Dayné que, pour le prmnier cas, au lieu de suivre le chemin de chassc q1.ù conduit sur les rochers, on pour– rait très bien, au sortir de la Cabane, dévier à gauclte et aller pren– d•·e le Glacier du Grand Paradis à son fin fond, à l'altitude de 2859 mètres, au lieu d'aUer le prendre de flanc, par la route habituelle, à l ' altitude de 3000 mètres. Et quand au second cas, soit à la bers– grunde sous-terminale: au commencement de la ~aison , cette ct·e– vasse est encore bouchée ou presque bouchée N par conséquent pas impossible à franchir. Ces raisons sortirent l'effet désiré. Elles ébranlèrent d'abord mon ami Dayné, puis le convainquirent de la possibilité de la chose: puis allant de mieux en mieux, mon ami non seulement fut persuad•S que la chose n'était pas très difficile, mais il fut meme enthousiasmé de mon projet et me dit: - Mais, vous savez, vous avez imaginé là une chose épatante: si elle réussit, ça va nous {aire une réclame fonnidahlc: Valsavaren– che doublera le nombre de ses villégiateurs et on ne pourra plun compter ceux qui vont faire l'ascension du Grand Paradis. - Eh bien ! d.is- je à Dayné, puisque je vous ai gagne a ma cause, et que vous etes maintenant aussi enthousiaste que moi de l'ascension projetée, il faut aller chercher un ane. - Pour cela, laissez faire à moi. J'ai mon ami, Germain de la Bioula, qui a vraiment un ane pour ça. Il l'a acheté lui-meme au -30-
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