21 Le Flambeau - 06

Nous. nous amusions de "la h-anche gaité de ces bons paysans, mais nous ne lachames pas notre secret. Dayné, qui était en veine, se plaisait encore à émoustiller ces braves gens qui nous en disaient dc pendables. Quand nous nous arretions quelques instants avec eux, l'ane en profitait pour happer, par-dessus ]es haies, !es sommités des grandes herbes qui croissaient d'un còté et de l'autre de la rou– te. Cagliostro n'avait certainement jamais fait , lui non plus, une si jolie promenade; pas chargé, pas pressé; nous le laissions aller en zig-zag à sa fantaisie. Nous passames ainsi sous Créton (m. 164!l), puis à Maisonnas– se (1670 m.) et sous l ' Hòtel des Eaux Rousses (1604 m.); après· quoi, on retourne sur la rive droite du torrent. Au Grand Clapey (1732 m.), sous le chemin, nous cueillimes la gentille et fraiche atragene alpina L . qu' on trouve aussi à Cogne, à Buthier; nous en fimes unè espèce de couronne . dont nous ormìmes la tete de notre ane qui en paraissait tout fier. Nous repassames ensuite sur la rive gauche de la Vallée, et tout doucement, en surmontant, l'un après l"autre, une série de terrasses au.x roches moutonnées, nous arrivames à Pont (1946 m.). La tenan~ière de l'Hòtel, demoiselle Breuil, nou:s accueillit avec son amabilité habituelle: mais il nous sembla voh errer sur ses lèvt·es un vague sourire ironique lorsqu'elle aperçut le gentil Monsieut· que nous menions avec nous. Nous ne fimes pas '5emblant de nous ai?_ercevoir de rien. Après nous etre bien lestés chez elle, nous repartimes; d'abord en longeant tout le plan sur la riv.e droite du torrent, puis en sui– vant, dans la foret, le chemin de chasse qui monte sans miséricorde. Au-dessus de la foret, nous touchames le Chanté (2344 m.) où nous nous reposames longuement. Cagliostro en profiLa pour tondre l'her– be fine et odorante de la largeur de sa langue. Pnis, par de grands lacets, nous arrivames au Refuge Victor Ammanuel (2775 m.). Les tenanciers l ' avaient ouvert seulement la veille et ils avaient grand à faire à mettre tout en piace pout· recevoir les voyageurs: faire sécher la paille, étendre au soleil les couvertures, les matelats et les draps de lit, disposer les provisions apportées, fendre et scier du bois, aller prendre de l'eau au lac... Nous biunes un bon grog briìlant, laissàmes l'ane broutet· eu liberté autour du Refuge, puis nous allames inspectionner et prépa– rer la route à suivre pour le lendemain. Il n'y avait absolument pas à penser à suivre la route ordinaire, soit le chemin de chasse à l ' est et au-dessus du Refuge jusqu'au point coté 3010 m., l'entrée du gla– cier, au ~ommet du chemin de chasse, étant défendue par des pla– ques inclinées trop raides pour un i'me. Aussi, nous allames tout -32-

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