21 Le Flambeau - 06
surmontons cette rampe périllense et débouchons enfin su1 le platea11 supérieur, à une centaine de mètres environ, au-delà soit au nord du point coté 3010 mètres, où se trouve l'homme de pierre ou cairn, point où viennent aboutir les caravanes qui montent par la route ordinaire ou chemin de chasse. Ici il me sembla que nous tenions déjà nott·e ascension en poche. D'après moj, le plus difficile était fait. Les mille mèt1·es qui nous restaient à gravir ne devaient plus présenter de difficultés aussi gra– ves, sauf peut-ètre le dernier bout: mais une fois là, on aurait avisé sur piace à ce qu' il y avait à faire. En attendant nous pouvions bien faire créance à notre voyageur qu'il surmonterait aussi le dernier pas, vu qu'il s'était si bien comporté jusqu'ici. C'est six heures. Le soleil n'est pas encore levé sur nous. Comme nous sommes tout à fait sur le flanc ouest du Grand Paradis, et que le soleil vient tard sur ce dos ouest, nous espét·•ms alle1 à l'ombre assez haut. Il fait frais, presque froid. Les montagnes environnantes, baignées dans une lumière aveuglante, nous dèeonvrent l'une ap;rès l'autre leurs charmes incomparahles. Nous savourons automatique– ment, presque inconsciemment, le panorama. L'àne nous suit philo– sophiquement sur la terrasse glacée jonohée c~à et là de . grandes dalles de pierres plates qui ne gènent pas sa marche . Nous allons du nord-ouest au s:ud-est vers l ' arète qui monte ii la Becca de 1\'Iont– corvé. Dayné est dans le transport. - Quel plaisir, dit-i!, si nous réussissons ~ Et quelle réclame nous allons faire au Grand Paradis si nous sommes bons d ' y faire monter un ane ! L'année prochaine, tout le monde, meme les plus poltrons, voudront y venir. Et ce sera una campagne colossale pour les hotels, les guides et les porteurs de Valsavarenche. Nous arrivons bientot sur le bord sud de notre terrasse neigeuse. Ici, à l'altitude d'environ 3200 mètres, on ~ontinue généralement par les rochers délités qui mènent à la Becca de Montcorvé. Mais ces rochers fendus., brisés, rapides et instables ne peuvent }Jas faire pout· notre ane. Nous devons prendre par la neige. En dessu;; de nous, à nord-est, il y a une c•'lte de névé rapide, suivie d'une terrasse dc névé; puis une seconde còtc 1apide suivie d'une autre terrasse; puis 1me troisième cùte ou mmpe, toujout·s de névé, qui se ·termine, celle-ci, par I'arete de Montcorvé, arete nei· geuse, horizontale, allant du nord au sud, appelée le Dos de l'àne. La direction à suin·e est tonte tracée. Nons de\'ons faire rèmonter à notre ane la première còte neigeuse suivie d<' la tenasse; puis la seconde cilte neigeuse et la deuxièrne terrasse; puis la troisième c•)te --36-
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