21 Le Flambeau - 06

car nous ne sommes après tout que s1u- une còte de neige, rapide SI vous voulez, mais cependant tou.i(•Urs seulement de neige. Pendant que nous sommes là à tenir conseil, les deux cordées des alpinistes nous rejoignent. Tous sont à nous féliciter sur le;; prouesses de notre ane. Les demoi~elles Sl.Utout ne tarisscnt pas d'élo·· ' ges et ne cessent de contempler et d'admiret· Cagliostro. Qui lui donne du pain, qui des biscuits, qui des caramels, qui clu chocolat. Cagliostro accepte tout et dévore tout. Avec ses largea mandibules, . dans sa gaucherie il ri.sque meme de happcr les doigts d'une de– moiselle qui pousse un cri. Comme s'était notre devoir, en pareille circonstance, nous cé– dàmes le pus à ces deux caravanes plus pressées quc nous, les priant de passer devant nous. Elles allaient plus vite que nous, et notre marche lente ne ferait que les retarder. - Mais non , 1nais non, firent les cleu.-x corclées en choeut·, ré– pondant à gentillesse par gentillesse; mais non, m:{is non: continuez vous autre d ' aUer en avant; nous vous suivrons. Nous ne pouvions résiste·r à une amabilité si chevaleresquc. Nous nous inclinàmes et nous remimes en marche. Lentement, lentement, en faisant d'étroits lacets, nous 1nontons la dernière còte et now; arrivons sur la bouche de la bersgruride. Celle"ci heureusement est presque fermée. De la lèvt·e inférieure il la lèvre supérieure, il n'y a qu'un mètre à peine. Nous commençons par faire un petit emplacement pour que notre iine put bien se reposer. Ensuite Dayné, toujours tcnant l'àne par la corde, passe la crevasse, monte la ·còte au-dessus, el va nouer l'autre extrémité de la corde de 5-0 mètres à un roc solide. Puis, après avoir pris une position sftre, et. s'etre assuré et réassuré que la corde est bien attachée, il me crie: - Fais monter l'iìne. - Uh ! Uh ! Cagliostl'O, cdai-je; et je le ft-appai iì coups re- cloublés sur le Cap Matapan. Cagliostro tergiverse un instant. Puis se levant sus ses pieds de clevant, il les posa sm· la lèvre supérieure de la crevasse. Dayné le tirant par la corde, et moi le poussant par l'arrière-train, il réussit à porter au meme niveau ses pieds de derrière. ~ous étions cette fois en piace. Toute difficulté était vaincue. Les demiers cinquante mètres se firent lentement mais aisément et à midi précis nous étions au premier sommet du Grand Paradis là où s'arretent généralement les caravanes des cannibales. · Nous laissames un momenl Cagliostro tirer le souffie. En atten– dant nous lui préparàmes un t·eplan de quelqnes mètres carrés. Après quelques minutes, Cagliostt·o relevant la téte regarda , par-dessus l'arete, l'abime effrayant de l ' autre ci)té de la montagne. -40

RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=